Pauline Croze : Flamenco rock
Musique

Pauline Croze : Flamenco rock

Pauline Croze est de retour. Discrète révélation du dernier Festival d’été alors qu’elle y assumait la première partie de Pierre Lapointe, c’est portée par le succès d’estime d’un premier album percutant qu’elle récidive.

"Ce que je cherche quand j’écoute un artiste, c’est d’en sortir bouleversée, de ne plus voir les choses pareil, d’avoir envie de tout changer dans ma vie. Un naufrage, un tourbillon", murmure Pauline Croze, presque inaudible. On plaint déjà l’enregistreuse d’avoir à capter ses confidences. Si la chanteuse a une puissance vocale et un jeu de guitare affolants, la jeune femme, par contre, souffre de timidité chronique.

Ce que Croze recherche chez les artistes, on le trouve dans son premier album: une véritable claque musicale, qui nous emballe et que l’on réécoute. Il y a chez elle un besoin viscéral de chanter, comme on expurge une haine, une peine, "pour quelqu’un qu’on ne va peut-être plus jamais revoir, et lui dire: voilà, moi je suis comme ça, dans l’urgence". L’artiste se sent tiraillée: "Dans la vie, j’aime rire, les choses légères, mais pour faire une chanson, j’ai besoin qu’il se passe quelque chose de violent, que ça me remue. Comme lancer un cri de guerre, comme un bébé qui naît."

Son bien le plus précieux se niche dans sa gorge, ce que Croze évoque en parlant des chants africains dont elle est friande: "Ce que j’adore dans la voix, c’est qu’on peut être dans la misère totale, dans la solitude, mais on a au moins cette richesse-là, on ne peut pas nous la voler. On peut se tenir compagnie et voyager avec juste notre voix. Comme la danse, on construit notre univers avec ça, sans avoir besoin d’artifices." Avec une telle croyance, un tempérament si introverti, comment un album si éclatant a-t-il pu voir le jour? "Jamais je ne m’étais dit que je ferais un album, c’est venu graduellement par la conviction et l’enthousiasme des autres." D’abord grâce à son éditrice, qui lui a fait rencontrer Édith Fambuana (ex-membre des Valentins), qui a brodé les arrangements musicaux (riches, variés), et Mickael Furnon, le petit prodige de Mickey 3D, qui signe le texte de Mise à nu, que Pauline n’arrivait pas à écrire: "J’ai essayé deux, trois choses, et ça ne marchait pas. Je lui ai envoyé la musique. Il m’a téléphoné pour savoir ce que je voulais y raconter." De Furnon, qu’elle n’a jamais rencontré en personne, elle dit: "Je n’ai pas autant de réalisme que lui dans mes chansons, je fais davantage appel à des métaphores."

C’est un album de grande romantique, de cris et d’espoirs, mais soulevé par un groove musical qui nous amène très loin de la chanson française traditionnelle, avec un peu d’Afrique, une touche de Brésil et de guitares espagnoles: "Les couleurs latines, en général, me plaisent beaucoup et j’adore le flamenco." Ce flamenco rock, on en redemande.

Le 2 octobre
Au Grand Théâtre
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