Kings of Leon : Un air de famille
Musique

Kings of Leon : Un air de famille

Les Kings of Leon, après avoir fait mouche au Royaume-Uni, reviennent en Amérique pour dégoupiller leur rock hirsute mais sophistiqué lors du Pop Montréal. Rencontre avec le benjamin du clan Followill.

Dans le sud des États-Unis, en partance de Nashville, les trois frères Followill sillonnaient déjà l’Amérique avec leur père prédicateur à l’âge où d’autres attachent des cannes de conserve à la queue des chats du voisinage, c’était déjà la vie de tournée mais avec du gospel dans la caravane. "Oui, on a beaucoup voyagé avec lui, raconte Jared, benjamin du clan et bassiste des Kings of Leon. À une époque, on s’est mis à découvrir tous ces bands bizarres et abstraits, ça nous a complètement jetés sur le cul. On sortait de l’église et on allait écouter les Pixies, le Velvet, les Talking Heads, The Cure, Joy Division. Cette découverte et le fait qu’à un moment on s’est écœurés d’entendre les niaiseries qui jouent à la radio nous ont poussés à former un band avec notre cousin."

Installés dans une lignée qui part de Creedence Clearwater Revival et se rend jusqu’aux Strokes, les Kings of Leon, sans jamais négliger leurs racines rurales, ont potassé quelques belles galettes de rock abrasif, un peu terreux, toujours sophistiqué malgré les mèches rebelles et les poils qui dépassent, comme l’atteste d’ailleurs ce goût marqué pour les fleurs en jaquette de disque. Il y a en a pour les qualifier de Strokes un peu bouseux, en jeans pattes d’éléphant, issus de la campagne. Un cousinage assumé: "La première fois qu’on les a entendus, on s’est dit: "F***, man, ces gars-là l’ont l’affaire!" On les a rencontrés, on les a trouvés cool, et on est partis en tournée avec eux. On est assez liés dans le style, mais on a aussi quelques différences maquées, comme dans la façon d’enregistrer notre musique." C’est-à-dire sans overdub, de façon crue, organique, spontanée, un choix judicieux qui est aussi le reflet de la musique du band.

À cela s’ajoute la couleur très singulière apportée par la voix de Caleb – chanteur et grand frère, très tôt remarqué dans les chœurs d’église – et son interprétation inspirée, enlevée, c’est le moins qu’on puisse dire, jusqu’à "yoddler" sur Days Old Blues, une des chansons du plus récent album du quatuor, Aha Shake Heartbreake.

Et d’ailleurs, qu’est-ce que ça signifie, ce titre, c’est une danse que vous faisiez à Nashville lors des festivals de country? "Ça mélange un peu les gens en effet parce que ça veut rien dire, c’est juste un truc agréable à se mettre en bouche. A-ha, Sha-ake", entonne-t-il de façon lascive, la voix un peu traînante. Cool, un petit récital privé au téléphone.

Sur ce disque tendu comme un arc, des chansons articulées autour du mode de vie de rock stars qui est maintenant le leur, depuis quelques années seulement, depuis qu’ils cartonnent au Royaume-Uni et que les frères Gallagher d’Oasis ne tarissent plus d’éloges à leur endroit, des chansons humides qui sentent la sueur et le whisky, qui parlent de concerts, de filles, d’amour et de cul, tant et si bien qu’à droite de l’orchidée ouverte, sur la pochette, on voit le logo "Avis aux parents Paroles explicites". "Au début, on a vécu ça intensément, c’était plus hardcore, raconte ce kid âgé de 18 ans, même pas majeur dans son pays, et qui cite volontiers Sid Vicious et Peter Hook (Joy Division, New Order) parmi les icônes rock qui l’ont marqué. C’était nouveau pour nous et on voulait vivre ça à fond. Mais on s’est calmés un peu depuis, on est moins sur le party qu’avant."

C’est pas Caleb, ton frère, qu’on entend hurler-chanter derrière? "Oui c’est lui! Je suis le bébé de la famille. On a toujours été assez proches, mais pour moi, c’est plus récent, avant je ne pouvais pas envisager mes frères comme des amis, mais depuis qu’on est tous en mesure de tenir des conversations d’adulte, ça va. Je ne sais pas comment ça se passe dans les autres bands… En tout cas, nous autres, on est tout le temps en train de se batailler."

Rock and roll.

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