Orchestre symphonique d’Ottawa : Harmonie et pédagogie
L’Orchestre symphonique d’Ottawa, gonfanonier de la musique classique dans la région, entame une 36e saison avec fougue. Entretien avec son chef dévoué, David Currie.
Considéré comme le plus grand orchestre de la région de la capitale nationale, l’Orchestre symphonique d’Ottawa (OSO) roule sa bosse et rallie depuis quelques années un auditoire avide et constamment renouvelé. "Il n’est pas simple de conserver un public et d’attirer davantage de personnes dans les salles, explique le directeur musical David Currie. Il faut savoir équilibrer le divertissement et l’éducation. Parce qu’on se doit d’éduquer, de faire découvrir la musique classique, mais il ne faut pas nécessairement rester fermé à un petit cercle de personnes. C’est un équilibre qu’on s’efforce de maintenir, et avec succès, à mon avis."
En ce qui a trait au versant éducatif, l’OSO s’en fait un devoir. C’est une facette de son engagement au sein de la collectivité de la région d’Ottawa. C’est également le chemin qu’a décidé d’emprunter David Currie il y a plusieurs années. Devenu directeur musical de l’Ensemble de l’Université d’Ottawa en 1982 (où il est maintenant professeur), Currie a ensuite pris les rênes de l’OSO en 1992, en se promettant de se consacrer à bâtir la culture musicale chez lui. "On n’est pas à l’abri du stardom dans la musique classique. J’aurais pu voyager sans cesse. Mais j’ai volontairement décidé de m’engager, de participer au développement de la culture dans mon patelin. C’est ce que je fais sans regret depuis des années", explique-t-il humblement. À l’abri de la "mégaphobie", qui pourrait effrayer les plus grands chefs, Currie maîtrise avec aisance la centaine de musiciens qui constitue l’orchestre. "Que ce soit une centaine de musiciens ou une vingtaine, ça ne fait pas de différence. C’est comme piloter un avion: que tu aies 3 ou 200 voyageurs à bord, ton rôle est de faire voler tout ça et de te rendre à bon port sans t’écraser, justifie Currie. De toute façon, c’est mieux de ne pas y penser. Si j’en avais conscience, je n’aurais pas la tête au bon endroit."
C’est en s’appuyant sur deux œuvres du compositeur autrichien Gustav Mahler – les poignants Chants d’un compagnon errant ainsi que l’aventureuse Symphonie no 1 (dite Titan) – que l’OSO inaugure une nouvelle saison le 3 octobre. Au dire de son directeur musical, ce choix est judicieux. "Les Chants d’un compagnon errant peuvent faire référence à un artisan errant, probablement Mahler lui-même, qui fut frappé par un triste chagrin et erre à travers le monde. Au fait, c’est ce qui est intéressant ici: on peut en faire de multiples interprétations." Pour l’occasion, l’Orchestre sera joint par Phillip Addis, prodigieux baryton bachelier en musique de l’Université Queen et diplômé en interprétation d’opéra de la Faculté de musique de l’Université de Toronto. Il ajoutait récemment un médaillon à son uniforme: un premier prix au concours de concertos canadiens de l’Orchestre de Québec. "Nous l’avions choisi avant qu’il ne remporte ce prix. Ça n’a fait que confirmer notre satisfaction. J’ai hâte d’avoir la chance de m’asseoir avec lui pour travailler." Prometteuse collusion.
Le 3 octobre à 20 h
À la Salle Southam du CNA
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