Sylvie Desgroseilliers : Perle noire
Musique

Sylvie Desgroseilliers : Perle noire

L’énergique Sylvie Desgroseilliers répandra sous peu sa Funkysation et son soul sur l’ensemble de la province avec une toute première tournée solo.

Sa carrière a commencé sur le tard: Sylvie Desgroseilliers a fait ses premiers pas avec le Montréal Jubilation Gospel Choir à 26 ans. Elle considère encore cette expérience, qui l’a emmenée à voyager et à fondre sa voix à 40 autres chanteurs, comme "la meilleure école qui soit". Suivra, pour cette secrétaire qui se levait pimpante à 8 h le matin pour ses fils et son travail, la période plus âpre des clubs fumants jusqu’aux petites heures. Sans y mettre une ardeur démesurée, elle décroche ensuite des contrats de choriste et finalement, des rôles dans des comédies musicales telles que Du rock à l’opéra, Cinémashow et plus récemment, Génération Motown. "Je devais avoir l’air au-dessus de mes affaires, tout le monde devait penser que j’avais un gérant. J’aurais pu m’en trouver un facilement – avec les revues musicales, il y en toujours un qui tourne autour, comme des goélands -, mais j’avais pas le temps de faire du "PR", fallait que je retourne chez moi!"

Elle reçoit finalement un coup de fil de Jean Pilote, qui lançait une nouvelle étiquette de disques et qui souhaitait que cette soulwoman de 40 ans en fasse le premier album. "Je ne regrette pas d’avoir commencé tard parce que ça serait peut-être fini là, si j’avais commencé plus tôt. Et je me demande sérieusement si ça ne m’aurait pas monté à la tête", assure candidement l’artiste. "Mon expérience fait que je suis différente des autres, en étant plus vieille, en ayant des responsabilités, je suis plus groundée."

Son parcours est jalonné d’hommes qui ont marqué sa carrière. On n’a qu’à penser à Normand Brathwaite, qui a fait appel à sa fougue et à sa superbe voix à Belle et Bum; à Grégory Charles, qui l’a invitée sur son album Gospel live en noir et blanc et à chanter Amazing Grace au Gala Métrostar; à Luck Mervil, frère spirituel, qui partage la vedette avec elle dans Génération Motown. Trois amis qui ont couché leur voix ou joué des instruments sur son premier album éponyme, sorti en février dernier et réalisé par Luc Boivin. "Je pense que les hommes ont moins de craintes face à moi que les femmes. J’ignore pourquoi. Peut-être suis-je trop agressive? Les hommes n’ont pas de difficulté parce que je ne dégage pas le côté séduction avant tout. Quand j’aime, j’aime, et le courant a passé avec eux."

Sur ce premier album, parmi les reprises des chansons Aimer d’amour, Une femme avec toi, Un peu plus haut, un peu plus loin et les pièces originales Maman viens chercher ta fille, Cela vaut mieux ou Ta chanson, une pièce ressort particulièrement. À travers les mots de lumière, de paix, de foi et d’amour des textes choisis, la reprise de L’Esclave de Serge Lama (qui y prête sa voix) détonne. Née d’une mère gaspésienne et d’un père haïtien qu’elle n’a pas connu, Sylvie Desgroseilliers a été troublée par l’histoire du texte. "J’ai rêvé d’être blanche. Je trouve ça poche, être mulâtre. J’aime pas être ni-noire, ni-blanche. Jeune, je voulais que mes cheveux soient raides ou frisés; pas entre les deux. Aujourd’hui, je l’assume, je me considère comme quelqu’un de race noire. Et Génération Motown, ça a été le robinet qui a fait sortir mes vraies couleurs", note la chanteuse dont les idoles de jeunesse sont autant les Stevie Wonder et Gladys Night que les Willie Lamothe et Nicole Martin. "Je partage mes influences avec mes fils. Ça fait un mélange intéressant. Dans 15 ans, Willie Wonder, ça va être mon fils: un petit cow-boy avec des lunettes noires (rires)!"

Fana de gospel, elle se reconnaît dans ce style musical énergisant et optimiste qui l’accompagne partout, jusqu’à la salle de gym. "J’ai toujours suivi mes instincts pour trouver ma voie… Je suis croyante, alors pour moi, découvrir que je pouvais chanter du gospel, c’était joindre l’utile à l’agréable! Je ne suis pas quelqu’un qui va lire la Bible, mais je suis heureuse de pouvoir chanter des choses qui me touchent et qui vont peut-être apporter quelque chose à quelqu’un, sans revendiquer la baisse du prix de l’essence… […] Pour les mauvaises nouvelles, on a la télévision… Moi, ce que je veux, c’est divertir", conclut celle qui se donne sans vergogne sur scène, dans l’esprit soul, comme s’il n’y avait pas de lendemain…

Le 7 octobre à 20 h
À la Salle Odyssée
de la Maison de la culture