KMFDM : Bras d’honneur
KMFDM pourrait bien quitter ses États-Unis adoptifs. Chose certaine, le meneur Sascha Konietzko profitera de la présente tournée pour tenter de dénicher un nouveau chez-soi, le climat étant devenu trop malsain chez l’Oncle Sam.
Lorsqu’on s’enquiert de ce qui le rend le plus furieux, Sascha Konietzko n’a pas l’ombre d’une hésitation: "Le gouvernement américain." En prononçant ces mots, il rigole, mais d’un rire chargé d’effroi. "Il s’agit vraiment d’une bande d’idiots, à la barre du pays le plus puissant et le plus dangereux de la planète", peste-t-il depuis Seattle, quelques jours avant le coup d’envoi de la tournée Hau Ruck soutenant l’album du même nom lancé à la mi-septembre. "On va tourner en Europe pour deux mois après notre tournée canadienne et je vais assurément garder les yeux ouverts pour voir si je ne trouverais pas un endroit que j’aime. Le climat ici est vraiment étrange, et j’en suis venu à réaliser que ce n’est plus important pour moi, l’endroit où je vis, tant que j’aime ça… J’ai comme un peu pris la décision de baiser le système, en ne faisant plus partie d’un système. Je peux aller n’importe où, tant qu’il y a de l’électricité, une connexion Internet, puis un point de service Fed Ex!"
Au-delà des exploits du sympathique "Doublevé" et de ses charmants camarades, le musicien originaire d’Hambourg se dit encore plus troublé par l’absence de réaction de la population face aux événements. "Le sentiment général d’apathie et le désintéressement des gens envers tout ce qui peut mal aller dans ce monde, c’est très inquiétant", note-t-il. Tout le monde, bien pas tout le monde, mais nous, dans ce qu’on appelle le monde occidental, on semble se contenter presque exclusivement de consommer et de polluer la planète, alors que la vaste majorité des gens dans le monde meurent de faim et sont menacés par toutes sortes de catastrophes naturelles ou de désastres créés par l’Homme…"
D’où Hau Ruck, titre du nouveau et cinglant recueil des parrains du techno-métal industriel, en service depuis plus de deux décennies. "Hau Ruck, c’est une expression allemande signifiant se retrousser les manches et aller au travail; c’est une sorte de bras d’honneur à la négativité. Tout le monde sait que les choses ont mal tourné, alors roulons-nous les manches et faisons-les bien à nouveau!" Habitués aux longs et rigoureux sièges en studio, Sascha (voix, basse, synthétiseurs) et ses complices Lucia Cifarelli (voix, synthétiseurs), Jules Hodgson (guitare), Steve White (guitare) et Andy Selway (batterie) y ont limité les apports extérieurs, autrefois nombreux. "C’était très intense, on était très concentrés; on a travaillé pendant six, sept mois sans jamais prendre un jour de congé, poursuit-il. Et c’est différent chaque fois; jusqu’à il y a quelques années, on avait cette politique de portes tournantes, avec plusieurs musiciens invités et un alignement changeant constamment. Hau Ruck, c’est l’approche minimaliste, sans aucun invité, seulement l’alignement courant du groupe. On sentait que les cinq d’entre nous avions trouvé une forme de chimie et une méthode très efficace, ce qui ne nous a pas fait ressentir le besoin d’influences extérieures…"
Le 7 octobre à 21 h
Au Cabaret du Capitole
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