Artist of the Year : La vie en brun
Artist of the Year redonne à l’électro-funk ses lettres de noblesse en lui infusant une bonne dose de cool sur sa deuxième galette riche en découpages sonores variés. Le groupe s’apprête à fouler les planches du Main Hall lors du festival NuJaz.
DJ à ses heures au Edgar Hypertaverne ainsi qu’au Baldwin Pharmacy où l’électro-clash rivalise avec des accents plus rock, Camille Jacques affiche un enthousiasme débordant malgré la fatigue qu’il ne cherche pas à dissimuler. "Je suis pas réveillé, man", lance-t-il d’entrée de jeu. Trio pour la composition mais quatuor en spectacle, Artist of the Year se prépare à participer au NuJaz Festival alors qu’il jouera en compagnie de Robertson, ex-Bullfrog.
Pour sa deuxième édition, l’événement souhaite rallier les amateurs d’électro avec des noms tels que Plaster, Motus 3F, Dan Thouin, Kobayashi, Métatuque, CLH et Frivolous. "L’année dernière, c’était comme un test. Ce sera le vrai départ cette année avec un menu accessible, pas trop expérimental", avance Jacques. Adoptant des angles rock et funk plus prononcés lors de ses prestations, il croit que la performance à venir risque de surprendre les non-initiés: "Ce sera plus humain. Pas juste du découpage. Le batteur change toute la dynamique et il y a un vrai travail de musicien."
Guitare, basse, voix, bidouillage. Comme une famille unie, on se partage allègrement les tâches. Si la formation tient la route depuis à peine trois ans et demi, Camille et Nathaël Duhaime (bossant comme disc-jockey aux mêmes endroits que son collègue) sont d’inséparables potes depuis 1983. "On s’est rencontrés au secondaire et depuis ce temps, on se suit partout. La première fois qu’il a touché à un instrument, j’étais avec lui et vice versa", raconte Camille. Quant aux deux autres membres (David Richard et Louis Coutu), leur histoire est semblable. "On a eu des groupes à poils auparavant. On est passé à travers la période grunge et, comme un couple, on a alterné entre les séparations et les réconciliations. Ensuite, on a voulu faire de l’électro brun. C’est vendeur, tu trouves pas?" poursuit-il avant d’éclater de rire.
Bric-à-brac éclaté principalement instrumental aux textures hétéroclites ayant certains liens de parenté avec Stefan Betke (Pole) et entrecoupé d’une poignée de sketches, Cut disco, le deuxième compact de la formation, paru plus tôt cette année, se veut plus groovy que son prédécesseur. "Le concept était de faire danser et d’être plus festif", précise le fan de Vic Peterson. Si la première mouture des Montréalais fut produite presque instinctivement, le processus fut radicalement différent lorsqu’on envisagea sa suite. "Une fois que le disque a été terminé, on a attendu très longtemps avant de se décider à le commercialiser. On ne connaissait rien de la business et on se faisait diriger par des gens qui nous conseillaient. Pendant ce temps-là, on produisait plein de beats. Un an plus tard, on s’est retrouvé avec un dossier sur l’ordinateur contenant 45 morceaux de chansons et on s’est mis à construire des structures à partir de ça", raconte le musicien.
Productive, la bande souhaite maintenant mettre son énergie dans la réalisation d’une nouvelle mixture, qui devrait se retrouver dans les bacs l’an prochain. Doit-on s’attendre à un virage sonore insoupçonné? "On a pensé concevoir un album qui s’intitulerait Cut rock, mais ce n’était pas sérieux", rigole-t-il. "On a envie d’explorer de nouvelles façons de créer. Récemment, on a rêvé à des beats à la Zapp & Roger. On écoute de la samba et on parle beaucoup de rock brun à la ESG transformé à notre sauce. En attendant, on veut faire bouger le monde." Ne reste plus qu’à dépoussiérer vos boules miroirs et à sortir vos souliers à la Travolta. L’illusion sera parfaite.
Le 8 octobre
Avec Robertson
Au Main Hall
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