Dionysos : De beaux monstres
Dionysos, souvent qualifié de meilleur groupe de rock français sur scène, revient avec Monsters in Love, puissant album conçu entre le Maroc et l’Angleterre. Leur chanteur-parolier Mathias Malzieu en explique les contours.
Les rumeurs n’avaient pas tort. Dionysos, on l’a constaté à Montréal, incendie toutes les scènes où il passe. Son énergie, sa maîtrise, sa fougue éberluent systématiquement le spectateur. Ça fesse fort, ça remue, les guitares et le violon cisaillent. Sur disque, par contre, ça levait moins – jusqu’à aujourd’hui, alors que le groupe présente cette décharge électrique qu’est Monsters in Love. Pourtant, Dionysos se défend bien de n’être qu’un groupe de scène: "S’il se passe quelque chose de particulier sur scène, c’est parce que les chansons nous boostent, ce n’est pas pour faire de la scène comme une fin en soi. S’il y a cette adrénaline et cette urgence dans les spectacles, c’est parce que, avant, on passe du temps dans notre garage à fabriquer des personnages, des atmosphères. Et une fois que tous ces trucs-là sont réunis sur un disque, qu’on les revendique et qu’ils nous tiennent à cœur, c’est hyper exaltant de les défendre sur scène et du coup on se donne à fond", raconte le chanteur au bout du fil.
L’univers de Dionysos se trouve bien représenté par les dessins du grand bédéiste Joann Sfar qui illustrent le livret: la fantaisie, une ouverture vers un monde inquiétant et rigolo, un échange de regards entre un monstre à tête rouge et une danseuse en tutu. La folie. L’aspect ludique des choses, toujours amené par la musique fiévreuse du groupe ou les textes du parolier, également auteur de nouvelles et d’un roman: "Quand on est petit, on joue avec ses Playmobil, on s’invente des histoires. Et puis à un moment donné, plus tard, on commence à abandonner ses jouets, à se normaliser. Le fait de raconter des histoires, dans des chansons ou des nouvelles, ça me permet de replonger dans une capacité d’émerveillement, dans une certaine cruauté aussi." Les chansons de Dionysos rappellent parfois la bande dessinée: "Je n’ai pas une grande culture bédé, je m’inspire des disques, évidemment, mais surtout des livres et des films. Par contre, j’aime bien les super héros, Spiderman, Batman, j’ai de la tendresse pour eux." Sur scène, Dionysos va même jusqu’à reprendre la chanson-thème de Spiderman! "Ça m’amusait de la chanter et d’être un petit peu irrespectueux. Pour se l’approprier, on l’a assombrie, c’était un Spiderman plus nocturne!"
Si Monsters in Love a été enregistré sous la houlette anglaise de John Parish, Dionysos a d’abord tissé ses chansons dans un premier temps au Maroc, lors d’une résidence dans un théâtre, plusieurs titres ont été créés dans le calme de la nuit, "sans contraintes, sans personne de la maison de disques, sans pression, sans toutes ces choses qui ont tendance à constiper la créativité". Des monstres libres et fous qui volent d’immeuble en immeuble, qui rockent avec une démesure réjouissante, qui traverseront sans doute bientôt l’Atlantique. Faites gaffe.
Dionysos
Monsters in Love
(Universal)
En magasin le 11 octobre.