Taima : Étoile polaire
Musique

Taima : Étoile polaire

L’énigmatique duo Taima a semé les poussières de son étoile polaire ici et là, pour alimenter la rumeur quant à son origine dans une enveloppe sobre et lumineuse. Rencontre avec la voix du groupe, Elisapie Isaac.

Au printemps de l’année dernière, le duo inuk-québécois lançait un premier album au folk-rock aérien, fortement imprégné de l’origine autochtone de madame. Avec des spectacles plein l’agenda jusqu’en 2006, le groupe -complété par un autre nordique, l’Abitibien Alain Auger – a gagné du terrain un peu partout alors que récemment il se produisait dans le Groenland, en Europe et au Canada anglais. Ainsi, des ailes ont poussé à ces anges solaires, qui touchent un large public puisque Elisapie chante en français, en anglais et en inuktitut. Telles des cartes postales, ses textes dessinent souvent son Grand Nord natal, le Nunavik, décrivant sa beauté et sa poésie souvent si mal connues du commun des mortels.

Ne voulant surtout pas servir d’objet de promotion, Elisapie s’implique néanmoins dans de nombreux événements rattachés à la culture autochtone, comme c’est le cas cette fin de semaine alors qu’elle se produira dans le cadre du Festival des récoltes de Wakefield. "J’aime sentir que j’ai la liberté de communiquer comme je veux, lance-t-elle, avec ce joli petit accent si difficile à décrire. Mais c’est clair que je suis très fière d’où je suis née, des valeurs que j’ai eues. Ça va sortir anyway: en parler, c’est très naturel pour moi."

Vivant à Montréal depuis plusieurs années maintenant, Elisapie retourne dans son village natal deux fois par année, pour se ressourcer et retrouver les siens. "C’est sûr que ce n’est pas évident de rester connectée à ma culture, parce que je suis en ville avec des gens qui ont une façon complètement différente de vivre, très urbaine, très québécoise, très blanche aussi. Je pense que c’est la confiance que j’ai en moi qui fait que je n’ai pas changé. Mais je ne force rien. Les choses que je vais perdre, ce sera parce que je n’ai pas le choix ou parce qu’elles sont moins importantes, mais celles que je vais garder, c’est parce que j’en ai besoin. Le fait de créer m’aide beaucoup à rester connectée au passé et à la façon d’être des Inuits…"

Très préoccupée de la façon dont on dépeint son peuple dans les médias, Elisapie explique que c’est surtout lié à l’ignorance et au manque d’intérêt dont témoigne la société. "Les gens pensent que la vie des Inuits ou des autochtones, c’est compliqué, c’est complexe. Pourtant, c’est très simple, c’est très humain. (…) Je trouve ça choquant, le côté négatif et dur que les médias montrent du Grand Nord en traitant d’alcoolisme, de drogue et de suicide. C’est vrai, il y en a; je trouve seulement dommage qu’ils trouvent juste ça à dire. Ce n’est pas la base; la base, c’est les jeunes, c’est plein d’autres choses…" explique Elisapie, qui a réalisé un film à l’ONF, Si le temps le permet, où elle écrit une lettre cinématographique à son défunt grand-père pour lui expliquer ses inquiétudes face à son peuple. "Je veux être honnête, je ne veux pas dire que tout est beau, mais tout n’est pas noir non plus."

Bien que Taima vibre au jour le jour, spectacle par spectacle et album par album, Elisapie assure qu’elle et son comparse se mettront à table pour écrire et créer un prochain album à la fin de l’hiver. Probablement en s’inspirant de ce tableau de la saison froide, dans la grande ville, pour dépeindre son monde intérieur.

Le 8 octobre à 21 h
À l’Auberge Le Mouton noir
Voir calendrier Folk/Country/Blues

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FESTIVAL DES RÉCOLTES DE WAKEFIELD
Le week-end du Festival des récoltes de Wakefield offre des activités de toutes sortes telles que des ateliers, des dégustations de mets traditionnels, des cérémonies de lever du soleil, des Contes et légendes sous le tipi, etc. On trouvera aussi sur le site du festival des tambours, des chants et des danses traditionnelles, des kiosques d’artisanat ainsi que plusieurs ateliers pour petits et grands, notamment sur la confection de colliers. La soirée de samedi se terminera au Black Shepp Inn avec une mini-pièce de Oren Hercz suivi de Taima. La soirée de dimanche sera quant à elle couronnée par un Festin champêtre, animée par le chef héréditaire mi’kmaq Stephen Augustine. Pour connaître l’horaire complet, consultez: www.khewa.com.