Vincent Vallières : Road trip
Presque deux ans se sont écoulés depuis que Vincent Vallières a lancé Chacun dans son espace. Pourtant, le récipiendaire du prix Félix-Leclerc 2005 des FrancoFolies éprouve toujours autant de plaisir à interpréter les chansons de son troisième album. Entretien avec un gars pour qui chaque show prend des allures de fête.
Les jours filent. Avec le succès de la tournée de Chacun son espace, Vincent Vallières trouve de moins en moins de temps pour flâner dans le gazon vert ou devant un ciel étoilé. Des dates de spectacle s’ajoutent sans cesse. Ça se bouscule tellement que le projet de son quatrième album a été mis sur la glace pour les prochains mois.
Le musicien de 27 ans, qui avait prévu entrer en studio cet automne, n’est pas déçu de ce changement de programme. "Je ne suis pas impatient, déclare-t-il. Je m’attendais juste à avoir un peu plus de jus pour composer. C’est vraiment ma première tournée qui est aussi chargée en fait de déplacements. Il n’y a pas beaucoup de temps morts. Cette semaine, je n’avais pas de show et je l’ai vraiment passée sur le cul. J’étais brûlé. Durant mes temps de lousse, j’aurais pensé être capable d’écrire plus. Je ne me suis pas encore lancé là-dedans comme j’aurais aimé." Malgré tout, il traîne toujours dans ses poches un crayon et du papier au cas où une idée lui taquinerait l’esprit. Car l’inspiration peut frapper à n’importe quel moment, même en voiture!
À l’opposé d’une tonne d’artistes qui optent pour des productions léchées, Vallières préfère nager dans le courant propre au rock des années 60, où l’on sortait des disques presque tous les ans, où la musique affichait un côté un peu plus rugueux. Ainsi, sa prochaine galette devrait voir le jour dans un avenir assez rapproché. "Moi, je ne vise pas la perfection quand je fais un album. Ce n’est pas le genre de disque que j’ai envie de faire ni que j’écoute. Les albums vraiment, vraiment peaufinés ne sont pas ceux qui m’intéressent le plus. Je ne veux pas bâcler pour autant le travail. Mais, je suis prêt à me lancer et à me donner des échéances pour dire "là, ça finit ", pour que le prochain disque soit le portrait d’un moment de ma vie, et non de cinq ans d’une vie", insiste-t-il. Du coup, le grand fan des Beatles et de Bob Dylan ajoute qu’il ne place nullement au rancart les musiciens qui préfèrent les finis lustrés. "Ce qui me tape un peu aujourd’hui, ce sont ceux qui ne font pas vraiment le choix, qui s’enlignent à des places qui n’ont pas été choisies par eux, mais par la machine et par l’équipe autour." Vallières s’estime d’ailleurs chanceux de pouvoir gérer sa carrière comme il l’entend, de pouvoir dire son mot quant aux projets futurs. "Le fait de travailler avec une petite compagnie me permet d’éviter ça: d’avoir de trop longues échéances entre mes albums, de trop attendre avant de partir en tournée… Je peux encore, avec les gens avec qui je travaille, faire des choses à l’emporte-pièce. Je me trouve privilégié, dans le contexte actuel, d’enregistrer le genre de disque que je fais et que ma musique se rende à un public et que ça finisse par toucher du monde. "
CARNET DE ROUTE
Les refrains du jeune compositeur voyagent effectivement jusqu’au cœur de nombreux fans. Et s’ils se trouvent un chemin, c’est sans doute parce qu’ils sont empreints d’une certaine sincérité. "Peu importe le genre de chansons que j’écris ou j’écrirai, il faut que je connaisse le sujet dont je parle pour être pertinent. Il faut que ça parte à quelque part de moi. Si je me lance dans d’autres choses, je pense que je vais me tromper. Ça ne veut pas nécessairement dire d’écrire au "je". Des fois, les gens pensent que, quand tu écris au "je", c’est nécessairement tout toi qui vis: c’est toi qui as laissé la fille, c’est toi qui étais sur la brosse ou qui es parti en voyage. Des fois, c’est vrai. Pour moi, la chanson devient un personnage, une facette de ma personnalité, mais aussi de plein d’autres affaires."
DESTINATION X
Plongé dans le tourbillon de sa tournée qui prendra bientôt un tournant pan-canadien, le guitariste ne se sent pas étourdi de chanter soir après soir le répertoire de Chacun dans son espace aux côtés de ses complices Simon Blouin (batterie), Louis-Jean Cormier (guitare) et Michel-Olivier Gasse (basse). Au contraire, il a redécouvert au fil des représentations des pièces qu’il avait hésité à mettre sur le disque, comme Blue Baby et Tom. "Je ne sais pas… Peut-être à cause de l’énergie quand elles sont écoutées par d’autres. Là, tu vois les gens en show et tu te rends compte que telle ou telle chanson a vraiment frappé l’imaginaire. Moi, il y a bien des tounes à propos desquelles je me disais : "Ostie! Ça, mets pas ça. Il y a juste moi qui… C’est complaisant, c’est n’importe quoi, ça s’en va nulle part ou c’est mal écrit." J’avais assez de chansons pour en jeter et j’en ai gardé. Le show s’est aussi dessiné comme le disque. Ça a commencé d’une certaine façon. Au début, dans les salles, c’était un public plus attentif, plus assis. Puis maintenant, quand on joue à Québec, à Montréal et à Sherbrooke, le monde écoute le show debout. C’est une autre énergie." Ça risque donc d’être toute une bombe le jeudi 13 octobre à la Salle Philippe-Filion.
Le jeudi 13 octobre
Salle Philippe-Filion