Walter Boudreau : Le début d'un temps nouveau
Musique

Walter Boudreau : Le début d’un temps nouveau

Walter Boudreau lance la 40e saison de la SMCQ avec une épopée spectrale du compositeur autrichien Georg Friedrich Haas. Vertige garanti.

Le directeur artistique de la Société de musique contemporaine du Québec aime présenter à son public des œuvres hors normes, des compositeurs à découvrir, des expériences. Il propose les trois d’un coup en programmant pour le concert d’ouverture de la 40e saison de la SMCQ une seule pièce, de 71 minutes, du compositeur autrichien Georg Friedrich Haas, que l’on connaît assez mal chez nous. "Dans le milieu de la musique contemporaine, explique Boudreau, ça ne change pas grand chose que l’on connaisse beaucoup ou peu le compositeur. Les gens qui viennent nous écouter sont ouverts à ce genre de découverte."

C’est en 2003 que Walter Boudreau découvrait In Vain de Haas, à l’occasion du festival Montréal/Nouvelles Musiques, alors qu’avec le codirecteur du festival, Denys Bouliane, il avait invité l’ensemble Klangforum Wien à venir donner un concert chez nous. "Je connaissais certaines de ses œuvres, mais pas celle-là, qui date de 2000. On se souviendra que c’est durant ce concert de Klangforum que l’on a pu entendre Hommage à György Ligeti de Haas, une pièce interprétée par Marino Formenti sur deux pianos simultanément et qui avait créé une très forte impression. C’est le directeur artistique de l’ensemble, Sven Hartberger, qui m’a laissé l’enregistrement de In Vain à cette occasion. Je l’ai écoutée et j’ai été renversé… C’est du Gérard Grisey, mais avec du LSD… C’est de la musique spectrale "expressive", il y a là une folie, un débordement qui laisse l’auditeur ému."

In Vain, c’est aussi une découverte que l’on aurait pu faire en avril 2004 à la SMCQ, mais le concert avait dû être annulé pour des raisons techniques. "On peut dire que la grève à l’OSM nous aide un peu ces jours-ci, explique le chef d’orchestre, parce qu’il s’agit quand même de rassembler 24 musiciens de très haut calibre; on arrive à le faire, mais souvent les différents engagements des musiciens les empêchent d’assister au nombre de répétitions que les œuvres nécessitent. Dans ce cas-ci, nous avons 12 heures de répétition, plus une générale et le concert, donc ça demande des gens disponibles." Et aventureux peut-on ajouter, puisque les 24 musiciens devront livrer ce ballet harmonique, une véritable courtepointe de microtons, en jouant une bonne partie de l’œuvre… dans le noir!

La SMCQ nous réserve d’autres concerts étonnants cette saison, et si l’œuvre de Haas peut sembler longue avec ses 71 minutes, que dire de celle de Morton Feldman qui fermera la saison en avril prochain? Sa pièce For Philip Guston (1984) dure… quatre heures! "À la SMCQ, explique Boudreau, on ne lésine pas avec la démesure! Cette œuvre de Feldman est une belle leçon de composition. C’est une musique de la transformation qui est comparable à celle de Haas; c’est toujours la même chose et ce n’est jamais la même chose… C’est faire l’expérience d’une autre forme de temps."

À noter: la SMCQ délaisse la Salle Pierre-Mercure cet automne. Ce premier concert se tiendra à la Salle Pollack de l’Université McGill.

Le 12 octobre
À la Salle Pollack de l’Université McGill
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