Broken Social Scene : Mémoires affectives
Musique

Broken Social Scene : Mémoires affectives

Broken Social Scene présente enfin son nouvel album, trois ans après avoir déclenché l’épidémie avec le sublime You Forgot It In People. Difficile de dire ce qui a été "oublié chez les gens", mais la semence fait son chemin.

Comment expliquer une musique aussi vive, transcendante et primordiale que celle du collectif torontois Broken Social Scene? Par sa liberté absolue de création? Par l’inspiration débridée d’un aussi large éventail de talents? Ou serait-ce par le ras-le-bol grimpant de nombreux mélomanes envers les sonorités sur-convenues et l’émotion formatée? Et s’il s’agissait simplement d’un grandiose triangle amoureux entre un groupe, sa musique et ses fans? "Je crois que les gens s’accrochent à ce petit quelque chose d’indicible", estime Jason Collett, guitariste au sein du projet amorcé en 1999, dans lequel jouent aussi Kevin Drew, Andrew Whiteman (Apostle of Hustle), Brendan Canning, Feist, Emily Haines (Metric) et Amy Milan (Stars), pour n’en nommer que quelques-uns. "L’espèce d’origine instinctive de tout ce travail, l’esprit dans lequel la musique est créée; je pense que cela se traduit à un niveau intuitif chez le public. Nous vivons dans un monde tellement dominé par les consommateurs et l’influence corporative; pour moi, ça explique à quel point les gens sont affamés de quelque chose d’honnête et de passionné. Ç’a été une grande révélation pour moi de voyager autour du monde avec les Social Scene et de ressentir tout ça; ça nous a tous rappelé à quel point l’endroit d’où vient la musique est important…"

Recruté pour les nombreuses tournées ayant découlé du fort engouement pour You Forgot It In People (Arts & Crafts; Juno du meilleur album alternatif en 2003), Collett en était à ses premières sessions avec la folle bande lors de l’enregistrement de ce 3e long jeu éponyme (14 pièces, y compris, en édition limitée, un EP de sept titres) mis en boîte par David Newfeld, auquel ont participé de nouveaux amis des Dears et des Weakerthans, entre autres. En se rappelant quelques trios célèbres pour leurs prises de bec en studio, on se demande comment cela peut bien fonctionner à plus de 20! "C’était super!" rigole-t-il. "Il y a tellement de monde; on ne peut enregistrer tous en même temps. Alors ces derniers six mois, on s’est relayés en studio pour ajouter des couches; comme à la chaise musicale!" explique celui qui mène aussi une carrière solo, ajoutant que l’essentiel de la composition s’est fait en tournée, lors de tests de son. "Tout le monde en vient à s’ennuyer assez rapidement dans ce groupe; aussi, pour que les choses restent intéressantes, on introduit continuellement du nouveau matériel, pour se garder à l’affût. Alors, t’arrives en studio pour enregistrer tout ça, mais là, tu écris de nouveaux trucs, car c’est ce qui t’intéresse à ce moment-là!" s’esclaffe-t-il de nouveau, soulignant la quantité phénoménale de matériel immortalisé ces dernières années. "Kevin et Brendan sont tous deux très prolifiques, particulièrement Kevin; on ne rencontre pas souvent dans une vie quelqu’un ayant une telle propension à l’écriture. Il peut en écrire une paire la journée, c’est merveilleux!"

Broken Social Scene
(Éponyme)
Arts & Crafts

Le vendredi 21 octobre
Dans le cadre du MEG
Au Métropolis