Jonas : Jonas, L’indomptable
Jonas Tomalty, âgé de 26 ans, la nouvelle coqueluche de la musique rock canadienne, fait le point sur sa carrière. Parfait Montréalais, cet anglophone s’exprimant dans un français plus que correct résume à lui seul toute l’énergie que dégage la grande métropole lorsque les deux solitudes se réunissent, rien de moins! Rencontre avec un gars "ben ordinaire" à qui le monde entier s’apprête à sourire…
Pour emprunter les mots que Mouffe a soufflés à Robert Charlebois: sa vie à lui c’est la musique! Depuis son plus jeune âge, Jonas apprend à apprivoiser cette baleine qu’est le showbizness. Il a encore la couche aux fesses lorsqu’il est immergé dans une mer de musique aussi riche que diversifiée, une mer démystifiée par ses parents mélomanes. Depuis, il ne se contente pas de laisser passer la vague musicale par-dessus lui, mais il surfe agilement sur ces flots déchainés depuis maintenant treize ans… Il semblerait que ce soit la meilleure manière de ne pas se noyer! Physiquement, on voit que l’homme a trimé dur: seul un entrainement olympien permet l’aisance, la grâce et la beauté brute qu’il offre à ses fans lors de ses shows. Et ce, sans parler de sa chevelure qui lui a valu, outre son talent, d’enviables comparaisons.
L’entrevue se déroule donc comme suit.
J’ai parcouru votre dossier de presse et ce qui m’a particulièrement marqué, c’est que vous avez commencé ce métier dès l’âge de treize ans? Vous en avez vingt-six maintenant…
"C’est une réalité qui m’a frappé il y a quelques mois. Je me suis dit : "Tabar…, ça fait la moitié de ma vie que je fais ça!" Wow!"
Qu’est-ce qui vous a mené à la musique?
"J’ai réalisé que c’était ce que je voulais faire et ce que je devais faire dès l’âge de quatre ans. Je voyais clairement ce que je voulais être dans le futur. Pour moi, c’était juste comme ça. Il n’y avait rien d’autre que je pouvais envisager."
Votre père était musicien, n’est-ce pas?
"Mon père jouait de l’harmonica. Ma mère était une grande fan de musique. Depuis que je suis très jeune, il y a des albums partout dans la maison. Ils m’avaient montré comment fonctionnait le tourne-disque, avec l’aiguille et tout…"
Aviez-vous des idoles à ce moment-là? Vous ont-elles influencé?
"J’avais des idoles, mais je ne voulais pas être à leur place, tu comprends? C’est important: je voulais juste jouer, pas être quelqu’un d’autre."
Alors à quatorze ans, vous jouiez déjà professionnellement?
"À quatorze ans, j’ai joué dans mon premier club. À quinze ans, j’avais des shows régulièrement: quelques fois par mois. Ensuite, j’ai eu deux groupes à la fois: Rubberman que j’ai commencé à l’école secondaire et Jonas & The Blues Blooded, vers l’âge de dix-sept, dix-huit ans avec mon père. Il jouait de l’harmonica dans le groupe. Dans Jonas & The Blues Blooded, il y avait déjà mon guitariste de maintenant, Corey Diabo…"
Vous avez donc été amené rapidement à respecter un horaire chargé… Tout cela a-t-il été difficile à vos débuts?
"Il y a différentes choses qui viennent avec le bizness. Plus ça devient une carrière, plus ça devient intense, plus ça devient fucké… C’est comme dans chaque domaine, mais en musique, c’est vraiment spécial."
Plusieurs critiques évoquent votre voix graveleuse, votre puissance vocale, la capacité que vous avez à survolter la foule, la gueule que vous avez aussi, votre charisme… La liste est longue, vous les croyez?
"Je lis les commentaires positifs, comme les négatifs. Parce qu’on a beaucoup de commentaires négatifs dans ce milieu, vraiment… Cependant, si je prends trop au sérieux les commentaires négatifs, ça va m’affecter: ma performance, mon attitude et ma confiance. Alors, j’essaie de ne pas trop prendre tout ça au sérieux."
Quand même, on vous compare avec des gens comme Jim Morrison et Robert Plant…
"Mais quand même… Si je ne prends pas le négatif, sérieusement, je ne peux pas prendre le positif!"
Mais cela vous fait plaisir, non?
"Oui, oui, ça me fait plaisir!"
Entre Jim Morrison et Robert Plant, laquelle de ces comparaisons vous fait le plus plaisir et pourquoi, en dehors de la coupe de cheveux?
"Ah man… [Rires] Ouais, I don’t know… Mais, vraiment, j’ai toujours été un grand fan des deux. Je pense que j’ai peut-être plus de connexions avec Morrison, I guess… C’est vraiment lui que j’aimais, son attitude et tout."
Je vois que vous êtes conscient que ces comparaisons peuvent être un piège à la longue, car des personnes malveillantes pourraient vous accuser d’un manque d’originalité…
"Fuck them. Si on écoute bien ma musique, ça rien à voir. Tout a déjà été inventé et fait en quelque sorte. Maintenant, il faut faire sa propre version de tout ça. Chaque musique, chaque style: tout est fait! Maintenant, il faut en faire son propre mélange pour aller plus loin."
Sur scène, vous dégagez une aisance particulière, c’est indéniable, cela vous est venu naturellement?
"Complètement. Quand j’étais jeune, j’aimais danser, aller voir des spectacles. J’étais un peu show off. Ouais… [Il chante et sourit.]"
Vous le disiez tout à l’heure, l’industrie de la musique au Québec est un milieu difficile… Est-il possible alors de rester soi-même dans cette industrie?
"Complètement. Attends, j’ai répondu un peu trop rapidement. Pas complètement, y’a beaucoup d’affaires qui changent, mais je crois avoir gardé mon "bon fond", malgré les côtés difficiles."
Je repose ma question différemment: est-il possible de réussir sans jouer une game?
"Non. Chaque jour, tu dois jouer le jeu. Tu dois être artiste et biznessman à la fois. Tu dois t’adapter aux situations en restant authentique tout de même, mais y’a beaucoup de rapaces. Viens passer vingt-quatre heures avec moi et tu vas voir de quoi je parle… [Rires partagés.]"
On dit de vous que vous êtes une "vedette internationale en devenir", êtes-vous d’accord avec cette affirmation?
"Tout ce que je peux faire, c’est de jouer de la musique. Je veux jouer chaque soir, devant plein de monde. On doit développer notre musique avec les années, avec le temps. Je pense que c’est la seule manière de faire une carrière qui soit solide."
Néanmoins, vous percez présentement au Québec en anglais et plusieurs francophones aiment beaucoup ce que vous faites. Les Québécois se sont ouverts plus que jamais à la musique anglophone provenant du Québec, n’est-ce pas?
"Effectivement, ça m’a beaucoup étonné et ça me fait plaisir. La pression est forte pour que je joue en français. Je préfère prendre mon temps. Pour moi, je me concentre sur le style que je fais et je veux le faire bien."
Alors, quels sont vos plans pour l’étranger?
"Les États-Unis, premièrement. Et après, the world… J’ai collaboré aussi avec un chanteur de la France. J’ai fait un duo bilingue avec le rappeur français Lord Kossity, Zone Rouge. J’ai beaucoup aimé l’expérience. Toutes ces collaborations m’apportent beaucoup."
Le 21 octobre à 20 h
À la salle Odyssée
de la Maison de la culture
Jonas… As he Roll
Il y a plusieurs nouveautés dans la carrière du Grand Dieu de la scène. Moins de 11 mois après sa sortie, son premier album a été certifié or cet été, avec plus de 50 000 exemplaires vendus. On apprenait aussi en septembre dernier que le chanteur et sa compagnie DEJA Musique ont refusé l’invitation de Mark Brunett Productions et de l’émission Rock Star: INXS, une téléréalité américaine qui essaie de trouver le nouveau chanteur de la formation australienne. Les producteurs avaient montré un réel intérêt pour Jonas, mais puisque cette participation aurait mis fin pour un temps indéterminé à sa carrière solo, il a cru bon refuser. Selon la présidente de DEJA, Janie Duquette, le chanteur aurait aimé participer à cette émission, lui qui est très compétitif, mais elle se dit heureuse de sa décision et croit que c’est tout à son honneur. D’autre part, Jonas fera paraître le DVD de sa première tournée, Jonas Live… As We Roll, le 29 novembre prochain. Avec la complicité de la maison de production Masque Entertainment, le DVD retrace la vedette rock au cours de ses spectacles donnés aux quatre coins du Québec, du Canada et des États-Unis; il offre notamment les coulisses de la tournée en première partie des mythiques Van Halen et présente d’autres rendez-vous sur scène, en plus d’entrevues intimes. Renseignements: www.jonaslive.com. (M. Proulx)