Omnikrom : L’argent fait le bonheur?
Omnikrom aime le rap, le pognon, la magie, les casquettes à palette "drette" et les femmes. Bien entendu, les membres du trio suscitent diverses réactions, mais n’allez pas croire qu’ils s’en formalisent.
Contrairement à l’attitude commerciale américaine, la scène rap québécoise a souvent privilégié une approche plus terre-à-terre et non complaisante. Les valeurs matérialistes y sont souvent pointées du doigt et, d’ordinaire, la conscientisation prime sur les textes plus vulgaires.
Dans ce contexte, la jeune formation Omnikrom contraste avec son maxi Futurs Millionnaires, vol. 1. "Omnikrom, on est de la magie / On est millionnaires aussi / Les rois des pouliches magiques", chantent les M.C. Jeanbart et Linso Gabbo sur la première pièce du compact. "Nous appelons magie ce qui est meilleur que tout, lance Jeanbart en entrevue. En ce sens, Omnikrom ne fait pas de la magie… Omnikrom, c’est de la magie! C’est ce qui va nous rendre riches. D’ici deux ans, tout le monde va nous aimer, et même ceux qui nous détestent écouteront nos albums en cachette. Je ne veux pas garder la tête froide. Je veux de l’argent et je le dis!"
"Nous ne voulons pas nous voir dans un petit marché (le Québec), poursuit Linso Gabbo. S’il le faut, le marché, nous l’inventerons. Aux États-Unis, un rappeur peut souhaiter devenir riche, mais ici, le vœu sonne absurde. Peu importe, nous réussirons. Les Américains apprendront le français grâce à Omnikrom."
Inutile de remettre en question le sérieux du trio complété par le producteur Figure 8 (prononcez eight). D’abord, Linso et Jeanbart cherchent avant tout à divertir; le vrai et le faux n’ont pas d’importance. Les grooves crunk hypnotisants qui font "bouncer" (se bouger le derrière) et l’attitude "nous sommes les meilleurs" passent avant tout.
Cette manière de voir les choses, le groupe la puise du courant rap américain dirty South qui est récemment passé de l’obscurité au succès populaire avec des artistes comme Mike Jones, Paul Wall et Slim Thug. Trois influences pour les gars d’Omnikrom qui travaillent parfois avec Ghislain Poirier et qui se sont gavés du rap avant-gardiste de l’étiquette Anticon. Linso Gabbo: "Dans ses chansons, Paul Wall parle de ses dents en diamant, de filles et de son gros char. Selon lui, quand un policier l’arrête en voiture, ce n’est pas pour lui donner une contravention, mais pour jouer au PlayStation sur les écrans plasma encastrés dans le dossier de ses banquettes avant. Je sais que ce n’est pas vrai, mais l’image me plaît."
À 24 ans, les membres d’Omnikrom ne possèdent pas encore de voitures luxueuses. En revanche, le groupe a fait de la "casquette à palette drette" son objet fétiche, alors que l’expression revient fréquemment dans les pièces des rappeurs. "Ensemble, nous devons avoir une cinquantaine de casquettes, révèle Jeanbart en précisant qu’aucune d’entre elles n’est à l’effigie des Yankees de New York ou des Nationals de Washington (anciens Expos). L’été, je me promène même avec un sac de plastique pour protéger ma casquette en cas de pluie. C’est simple, lorsque nous serons riches, nous achèterons des diamants pour mettre sur nos casquettes…"
Scandaleux ou divertissant? Tendez l’oreille avant de juger.
Le 21 octobre dans le cadre du MEG
Au Savoy du Métropolis
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