Priestess : Apôtres en noir
Priestess s’apparente à un train endiablé sifflant à toute vitesse, la nuit tombée, sur les rails du courant stoner rock. Un autre bel espoir montréalais.
Réputée depuis sa fondation pour son expertise punk, l’étiquette indépendante Indica a profité des deux dernières années pour propulser Les Trois Accords au sommet, en plus de percer une solide brèche pour les tendres filles de Dobacaracol. Si le label fondé par GrimSkunk en 1997 pouvait donner l’impression de se diriger vers des territoires occupés en grande partie par des étiquettes telles qu’Audiogram et La Tribu, Indica remet aujourd’hui les pendules à l’heure en lançant Hello Master, premier effort de la formation hard rock montréalaise Priestess que peu de maisons de disques québécoises de premier plan oseraient défendre.
Dès les premières mesures de la pièce I Am the Night, Colour Me Black, l’amateur de rock lourd en vous succombera aux attaques infernales et rythmées du quatuor mené par le chanteur Mikey Heppner, 24 ans. Non pas que Priestess révolutionne le stoner rock – un courant souvent fidèle aux traditions -, mais le combo fait preuve d’une efficacité surprenante. La production de Hello Master n’a par exemple rien à envier à celle du dernier Queen of the Stone Age, alors que les 12 titres de l’album laissent entendre que Heppner et ses amis ont parfaitement assimilé l’essence brute et dynamique de Black Sabbath, d’AC/DC et même de Nirvana. Et dire qu’il y a cinq ans, Mikey donnait dans le punk avec The Dropouts où il s’était entouré de Dave Hamelin, Tim Fletcher et Oliver Crowe (aujourd’hui tous membres des populaires Stills).
"Les Dropouts ont évolué dans cette forme punk garage pendant environ un an, explique Mikey. Puis, Dave, Oliver et Tim ont quitté la formation pour se consacrer à leur projet musical parallèle qui allait devenir The Stills. Je me suis alors retrouvé sans groupe. J’en ai profité pour me replonger dans l’univers du rock pesant qui suscite chez moi encore plus d’intérêt que le punk."
Peu d’eau s’écoule sous les ponts avant que Mikey reforme les Dropouts avec Mike Dyball (basse), Dan Watchorn (guitares/voix) et un batteur qui allait éventuellement être remplacé par Vince Nudo. "Nous avions décidé de conserver le nom des Dropouts puisque notre répertoire comptait toujours quelques pièces datant de la première époque. Mais avec le temps, les compositions rock ont pris tout le plancher, et nous ne voulions pas semer la confusion. Nous avons changé de nom, optant pour Priestess."
Nouvelle appellation, nouveau départ. Profitant d’une réalisation béton signée Gus Van Go (ex-Me Mom & Morgentaler qui travaille aussi avec les Stills), Hello Master pourrait paver la voie vers le succès international pour Priestess. Si Indica lance cette semaine l’album à travers le Canada, la rumeur veut que plusieurs étiquettes américaines s’intéressent aux pièces extrêmement accrocheuses de la formation. "Tous s’entendent pour souligner la lourdeur de notre album, mais lorsque nous composions, nous n’avions qu’une idée en tête: accoucher de bonnes chansons qui s’avéreraient aussi efficaces dans une forme acoustique que dans un contexte où le volume des amplis à lampes frôle la démesure."
La première montréalaise du groupe aura lieu au début du mois de décembre. Le port de bouchons d’oreilles est conseillé.
Priestess
Hello Master
(Indica / Outside)
En magasin le 18 octobre