Raôul Duguay : Ô-SM
Musique

Raôul Duguay : Ô-SM

Raôul Duguay, le poète à la voix d’ô, se joint à d’autres poètes ainsi qu’aux musiciens et musiciennes de l’OSM pour "offrir mer et mots".

À peine sommes-nous attablés que Raôul Duguay m’assène un scoop: "La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau – Eau secours! – a dû se presser un peu pour organiser ce concert, parce qu’après le 16 octobre, il devrait y avoir un déblocage dans la grève des musiciens et musiciennes de l’orchestre…" Bang! En y réfléchissant, on se dit en effet qu’il ne serait pas très stratégique de la part des musiciens et musiciennes de priver ce qui reste d’abonnés à l’OSM d’une rencontre avec Nagano-le-magnétique, qui doit diriger son premier concert cette saison le 23 octobre… Après cinq mois de grève, ce ne serait pas trop tôt… Puis, on pense aussi à l’Orchestre symphonique du New Jersey et à celui de Pittsburg, qui ont signé ces dernières semaines des conventions pour lesquelles les musiciens ont dû accorder d’importantes concessions à leurs administrations respectives, afin de permettre la survie des compagnies… "La musique, c’est l’eau de la culture, et tout comme on doit se lever pour soutenir cet orchestre, qui est l’un des meilleurs au monde, on se lève à Eau secours! pour tout ce qui fait obstacle à la protection de l’eau."

DE SOURCE SÛRE

Raôul Duguay, c’est le cas de le dire, est intarissable lorsqu’il est question de la gestion responsable de l’eau. "C’est la bataille du siècle, et ce n’est pas de la poésie que de dire cela. On est une soixantaine de Porteurs et Porteuses d’eau (scientifiques, sociologues et communicateurs) à faire connaître le travail d’Eau secours!, un organisme dont le membership augmente de façon régulière, parce qu’il n’y a pas beaucoup d’autres façons d’essayer de changer les choses que d’organiser une levée massive de citoyens conscients des enjeux. Plus on retarde l’adoption d’une véritable loi de l’eau, plus on met en danger l’eau et ses infrastructures. La loi 62, sur les compétences municipales, qui a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 5 mai dernier, permettra la privatisation de l’eau. C’est grave! En Uruguay, on a passé une loi précisément pour l’interdire! On apprenait tout récemment, et ça me touche particulièrement puisque je viens de l’Abitibi, que la source des Eskers, à Saint-Mathieu, va fournir 10 millions de caisses de 24 bouteilles d’eau à la Chine (la deuxième année, ce sera 30 millions)! Ça va créer une cinquantaine d’emplois… Wow! Essor économique! Mais les gens de la place devront s’en passer de cette eau-là!" C’est un torrent de mots que déclenche le sujet dans la bouche de Duguay. Pour en savoir plus sur les différents dossiers menés par Eau secours! pour la protection de l’eau et de ses infrastructures, visitez le site de la coalition à www.eausecours.org.

Le concert-bénéfice qu’organise la Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau nous permettra donc d’entendre des poèmes de Bruno Roy, de Suzanne Jacob et de Raôul Duguay. Ce dernier lira L’Astronote et La Mer à boire, un texte que l’on devrait trouver sur son prochain disque, en gestation ("Ça sortira d’ici un an; je vais l’enregistrer a cappella s’il le faut!"). L’OSM sera sous la direction d’Alexis Hauser, directeur de l’Orchestre symphonique de McGill, et la thématique aquatique lui fournit un beau programme, au cours duquel on entendra des extraits de Water Music (Haendel), Ma Patrie (La Moldau, de Smetana), Le Lac des cygnes (Tchaïkovski), Le Danube bleu (Strauss), La Mer (Debussy) et même du Boléro de Ravel. Fait étonnant, les musiciens et musiciennes s’engagent à remettre à l’OSM leur part des profits générés par le concert!

Le 16 octobre
À l’église Saint-Jean-Baptiste
Voir calendrier Classique