Victor Wooten : Basse fréquence
Victor Wooten est parvenu, comme peu avant lui, à mettre la basse à l’avant-plan, à en faire un instrument soliste au même titre que la guitare. Il nous parle du métissage de son dernier projet, Soul Circus.
Le groupe de fusion Béla Fleck and The Flecktones, dont Victor Wooten est un membre fondateur, crée une musique qui a toujours fait fi des frontières, traversée par de multiples cultures et par différents styles: le bluegrass, le jazz, le rock, le rap, la musique indienne.
Ceci n’est pas un choix intellectuel, mais instinctif: "Nous aimons naturellement que les musiques se fondent les unes dans les autres. Nous jouons exactement ce que nous aimons. Dès le début, c’était très difficile de situer les Flecktones dans une catégorie, et c’est toujours le cas. Sur le prochain disque, nous n’aurons pas d’invités, nous nous retrouverons comme au départ, juste tous les quatre." Comme plusieurs créateurs d’aujourd’hui issus du jazz ou du rock, les membres des Flecktones peuvent écouter tout aussi bien la musique de Miles Davis ou de John Coltrane que celle de groupes de rock alternatif comme Primus: "Les différents types de musique présentent plus de ressemblances que de différences. Nous avons à composer avec les mêmes notes."
Au début des années 70, plusieurs musiciens ont réussi, chacun de manière très personnelle, à faire de la contrebasse un instrument soliste. Au plan acoustique, Ron Carter, Dave Holland, Miroslav Vitous, Stanley Clarke, Eberhard Weber. Au plan électrique, Tony Levin, Jaco Pastorius, Anthony Jackson, Michael Manring. Victor Wooten fait partie de cette élite. Il parvient à donner à la basse la même fluidité, la subtilité, la chaleur et le lyrisme que la guitare peut offrir. Il s’est souvent demandé: "De quoi puis-je me servir à part les notes?" Pour lui, la technologie (la basse MIDI, par exemple) autant que l’instrument ne sont que des outils pour créer de la musique: "Les gens mettent beaucoup trop souvent l’accent sur l’instrument. Le but, c’est de faire de la musique. Tant mieux si certains outils peuvent m’aider à y parvenir."
L’enseignement a fini par occuper une place importante dans la carrière de Victor Wooten: publications de manuels, créations de vidéos, mise sur pied de festivals. Le F.U.N.K. Festival, qui se tient à Nashville, est axé sur l’enseignement de la basse, mais aussi sur la sensibilisation à la nature: "Le F.U.N.K. Festival est comme l’extension des camps pour bassistes que j’anime. Les étudiants apprennent à maîtriser différentes techniques de l’instrument mais, en même temps, apprennent à s’éveiller à la nature, à s’en sentir responsables."
Il y a toute une philosophie de paix qui stimule l’activité du musicien. Wooten a beaucoup d’admiration pour l’œuvre de Martin Luther King et de Malcolm X: "Ces hommes ont vécu à une époque où ils ont dû se battre très fort."
Le passage de Victor Wooten à Montréal s’inscrit dans la tournée mondiale 2005 du Victor Wooten’s Soul Circus. Une musique très funk qui peut étonner, mais qui n’en mélange pas moins pour autant soul, rap et musique indienne: "Quiconque étudie la musique, qu’il s’agisse de jazz ou de quoi que ce soit d’autre, en vient un jour ou l’autre à s’intéresser à la musique indienne. Les percussionnistes de l’Inde ont quelque chose de très funky. Pour ce qui est de l’ensemble du projet, je voulais, sans sacrifier la qualité ou l’intégrité de la musique, faire un disque dont la plupart des chansons pourraient jouer à la radio."
Le 15 octobre
Au Spectrum
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