Akufen : Coups de dés
Musique

Akufen : Coups de dés

La musique d’Akufen est à l’électronique ce que le livre dont vous êtes le héros est à la littérature. Pour utiliser la dague magique, rendez-vous à la page 283. Si vous privilégiez le casque d’écoute, passez au paragraphe suivant.

L’éminent bidouilleur montréalais Akufen ne connaît jamais le dénouement de ses récits sonores avant le tout dernier copier-coller. Ainsi, après l’accueil des plus chaleureux de son album My Way (Force Inc, 2002) et de son travail de remixage sur le 17e tome de la série Fabric (2004), bien difficile de spéculer sur l’orientation que prendra le prochain chapitre. "J’y travaille continuellement, mais je vais prendre tout le temps dont j’ai besoin pour accomplir cette tâche, qui n’est pas mince, souligne-t-il, parce que pour un album, il faut élaborer un concept et déployer tout ton arsenal pour raconter une histoire tangible et cohérente…" Et lorsque l’intrigue se construit au gré de l’assemblage d’innombrables microéchantillons, on s’imagine le travail de moine requis. "L’échantillonnage, c’est probablement la seule forme de musique qui te permet d’avoir accès à des sources sonores complètement inédites, note l’artiste aussi connu sous le nom de Marc Leclair. Et je ne suis pas en train de dénigrer la musique, disons, naturelle, avec des instruments, au contraire. Beaucoup de mes échantillons proviennent de ces sources-là. Mais pour moi, l’échantillonnage offre la possibilité de faire cette musique que tu entends dans ta tête quand tu te promènes, quand tu dors ou quand tu rêves, et tu dis: "Si seulement je pouvais avoir cette espèce de senseur pour capter toutes ces ondes-là et les reproduire de façon audio!" Les échantillons permettent de te rapprocher de ça en créant un espace musical vraiment inusité…"

Ce décor sonore, Akufen le veut malléable, au cadre assez large pour laisser l’auditeur en faire ce que bon lui semble. "Je ne suis pas du genre à étaler ma vie, mes craintes ou mes angoisses à travers ma musique, remarque-t-il. Il peut m’arriver par moments d’être politisé, de vouloir faire des clins d’œil à certains trucs, mais jamais de façon évidente. Pour moi, ce qui est important, c’est de générer des images; je suis un peu un marchand d’images bon marché! Quand les gens écoutent ma musique, je veux qu’ils soient appelés à imaginer ce qu’ils ont bien envie d’imaginer, un peu comme un livre dont vous êtes le héros…"

En attendant la prochaine aventure sur gravé, Akufen s’amène en ville armé de simples tourne-disques, avec les Allemands Superpitcher, Ada et Metope de même que l’artisan local Eve_N, qui en profitera pour lancer The Beautiful Things, disque où il partage la vedette avec Mister Black. Quant à Akufen, il se présentera sur scène en mode défricheur. "J’ai envie de faire découvrir aux gens de nouveaux trucs, des choses qui ne sont pas nécessairement accessibles ou jouées par la multitude de DJ qui se disputent le marché en ce moment. Je suis là pour faire de la promotion; je suis une machine de diffusion! Je vais mixer sans prétention, sans technique incroyable; ça sera deux platines, un mixeur et je veux que les gens s’amusent, c’est tout."

Le 22 octobre à 22 h
À l’Impérial
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