Lyne Fortin : Toujours (enfin) Butterfly
Musique

Lyne Fortin : Toujours (enfin) Butterfly

La soprano Lyne Fortin incarne Madame Butterfly à l’Opéra de Québec. Un défi de maturité pour la cantatrice, qui l’interprète pour la première fois.

On ne compte plus le nombre de fois que l’opéra Madame Butterfly a été monté à Québec. La dernière production date à peine de six ans. Qu’est-ce qui justifie l’intérêt d’une énième production? La soprano Lyne Fortin se sentait prête pour interpréter le rôle titre de Cio Cio San. L’occasion était trop belle pour Grégoire Legendre, directeur général et artistique de l’Opéra de Québec, de satisfaire l’interprète après cette longue attente. "Attente? J’ai fait autre chose!" Donnons raison à Lyne Fortin sur cette précision: oui, elle a fait autre chose, et pas à moitié. La constance de sa carrière le démontre sans contredit et en fait l’une des interprètes les plus appréciées au Québec. Il est néanmoins normal d’être surpris face à une telle initiative. Pourquoi maintenant? "Lorsque le linge nous fait, on le porte, répond d’emblée Lyne Fortin. Si on veut mettre n’importe quoi n’importe quand, on a l’air fou! C’est un rôle très exigeant. Sa place sur scène est omniprésente et continue. J’ai maintenant l’endurance et la force mentale pour être à la hauteur de Butterfly."

Mis en scène par John Pascoe et dirigé par le chef d’orchestre italien Giovanni Reggioli (un autre favori de l’Opéra de Québec), l’opéra Madame Butterfly de Giacomo Puccini possède effectivement un sujet et une trame musicale dramatique exceptionnels. Sans être aussi efficace que La Bohème, où le génie mélodique de Puccini est inégalé, c’est dans le propos et le lieu physique que Butterfly se distingue. L’Amérique en face de l’inconnu. Une facette de l’histoire que semble vouloir actualiser avec fermeté le metteur en scène John Pascoe. "Il y a quelques accessoires scéniques qui nous plongent dans une réalité un peu plus contemporaine, explique Lyne Fortin. Une télévision, par exemple, et certaines projections visuelles. Mais je ne veux pas tout dévoiler. Et ça ne me dérange pas non plus. Même si j’étais plongée dans la science-fiction, le travail d’interprétation que j’ai à faire ne me donne pas le temps d’être déconcentrée par ce genre de détails. Quand c’est bien fait!"

Des détails qui peuvent vite se confondre dans un climat d’artifices. La participation de Lyne Fortin au projet symphonique de Starmania nous montre bien les contextes de plus en plus variés où sont appelés à travailler les interprètes lyriques. Une belle expérience? "Au départ, l’idée était tout autre, indique Lyne Fortin. Les arrangements et les ajustements de tonalité ont été faits pour une représentation acoustique, non amplifiée. Et les choses ont changé en cours de route. C’est un univers populaire, de musical! La voix n’a pas de place dans un tel contexte. N’importe qui peut avoir une voix puissante avec un micro!" Et qu’en est-il du nouveau public qu’est supposé donner ce type d’exercice à l’opéra? "Si on lui répète le mot opéra constamment, est-ce que ce public va comprendre quoi que ce soit à l’opéra? L’expérience est tout autre. Il y a l’opéra et il y a les comédies musicales." Pas de quoi se faire hara-kiri!

Le 22 octobre à 19 h et les 25, 27 et 29 octobre à 20 h
Au Grand Théâtre
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