Rinôçérôse : Quoi de neuf, docteurs?
Musique

Rinôçérôse : Quoi de neuf, docteurs?

Le duo français Rinôçérôse n’a pas froid aux yeux. Après deux albums d’électro-house bien sentie, il durcit ses angles et célèbre son dixième anniversaire avec un nouvel opus "schizophonique" aux multiples collaborateurs.

Travaillant dans le domaine de la psychologie parallèlement à celui de la musique, Freu et Patrice Carrié (alias Patou Carrie), couple à la scène comme dans la vie, partagent un logement à Montpellier et un amour indéfectible pour le rock. Lors de l’échafaudage de nouvelles compositions, le duo a désiré amplifier cette facette de son son, jusque-là sous-jacente. "J’aime les White Stripes, les Strokes et les pionniers de ce renouveau rock qui, globalement, nous a amenés à nous repositionner. J’ai appris qu’avec l’électro, on pouvait aussi faire du rock", lance Freu, avec son accent du Sud.

Et ce repositionnement, l’amateur le constate à l’écoute du quatrième disque de la formation, d’abord intitulé Schizophonic. "On désirait éviter toute confusion avec le titre du premier album de Geri Halliwell, ex-Spice Girl." Rebaptisé Schizophonia (hommage aux Who?), il délaisse l’électro-house hédoniste et décoiffante de ses deux prédécesseurs (Installation sonore et Music Kills Me) pour une décharge coup-de-poing électro-rock. Dès les premières notes, la nouvelle mouture ténébreuse des anciens Maracas gagne en décibels en amalgamant rage rock puissante et beats électro modernistes. "C’est notre disque le plus travaillé", s’empresse de dire Freu. "En même temps, c’est une suite logique et une rupture avec le passé. On a volontairement durci notre son à cause de tout ce qu’on a écouté ces derniers temps, particulièrement la scène new-yorkaise, mais on travaille de la même façon", poursuit-il.

Utilisant, pour la première fois de son histoire, des voix sur chaque titre, le couple s’est permis le luxe d’inviter une impressionnante galerie de chanteurs internationaux. Parmi ceux-ci, Nuuti Kataja (Dead Combo), Mark Gardener (ex-Ride), Bnaan (The Infadels), Dominique Keegan (The Glass) et Jessie Chaton qui allume le premier simple (Bitch), ce dernier risquant de plaire autant au fan d’AC/DC qu’à celui d’Underworld. Alors que le thème central du compact précédent était la mort, la schizophrénie hante le plus récent. "Avec l’utilisation de différents chanteurs, on touchait au symptôme même de la schizophrénie. On leur a tous demandé des textes spontanés et le résultat était assez surprenant. On a pu analyser des tendances allant de la paranoïa à la maniacodépression!" raconte-t-il.

Habitué du MEG, le couple en sera à une troisième participation, en remplacement cette année de Bertrand Burgalat. Devenant sextuor sur scène avec l’ajout d’une poignée de musiciens (dont Johnny Palumbro, fidèle arrangeur, ingénieur du son et bidouilleur en chef) et des chanteurs se relayant au micro, Rinôçérôse compte faire sentir sa présence lors de l’événement. "Ça va sérieusement envoyer! Il y a un rapport direct avec le public montréalais et j’adore ça", lance-t-il, un trémolo dans la voix.

Si le Sud de la France se trouve présentement dans un tourbillon créatif en matière d’électronique avec l’émergence des Troublemakers, Zimpala et une dizaine d’autres groupes, le Québec connaît aussi un sort semblable. Lorsqu’on mentionne au musicien qu’un certain Champion fait des ravages dans notre petite province avec un son groovy et riche en guitares s’apparentant à celui de son collectif, l’homme, jusque-là posé, s’anime. "Qui est-il? C’est cool comme son? Tu dois absolument m’en parler! Attends, je vais noter son nom. Je m’achèterai une copie de son disque en débarquant." On se permet déjà de rêver à une collaboration.

Le 22 octobre
Dans le cadre du MEG
Au Métropolis
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