Soraya Benitez : L'amour à la plage
Musique

Soraya Benitez : L’amour à la plage

Soraya Benitez donne à ses tourments et à ses joies inspirées d’Amérique latine un caractère universel. Entretien avec cette dame fière de son héritage et portée par une grande foi en l’humanité.

Soraya Benitez

est née à Caracas, au Venezuela. Les tangos chantés par sa mère, les soirées musicales sur la plage, l’immensité de la mer ont façonné son rapport au monde: "Ma mère chantait en faisant la vaisselle, le ménage. Ce que j’aimais dans le tango, c’est le côté tragique. Puis, j’ai appris à jouer du cuatro, une petite guitare à 12 cordes. C’est un instrument à caractère rythmique. Dès l’âge de cinq ans, tous les enfants en jouent. J’ai grandi à la plage, dans l’État de Vargas. À l’adolescence, nous avons passé des nuits blanches à jouer de la guitare. Je me souviens d’une chanson qui raconte l’histoire d’un gars parti chercher la gloire à New York et qui revient au Venezuela retrouver une richesse intérieure. Pour nous, le Nord représente une chimera, une illusion. Et puis, il y a la mer. Le regard porté à l’horizon nous amène à voir les choses en grand, mais aussi à sentir que le monde et la vie continuent, que nous sommes en fait au service de la vie. La force tranquille de la mer nous apprend à être patients. Ça fait partie de la culture des chaleurs." Dans une chanson récente, Calle De Mi Infancia (Les Rues de mon enfance), la chanteuse rend hommage à de jeunes compatriotes qui ont trouvé la mort dans des conditions tragiques: "En 99 s’est produit un glissement de terrain qui a fait plus de 30 000 morts. Ce fut un deuil douloureux. Ma chanson est une façon d’immortaliser ces nuits de guitare de mon enfance. C’est une manière de faire face à quelque chose de difficile."

En 1997, Soraya Benitez quitte l’Amérique latine pour vivre à Montréal. Elle désespère d’une société qui multiplie les clivages, entre les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, le passé et le présent: "Je n’étais plus capable de vivre dans une société qui n’est pas ouverte, une société qui ne me reconnaissait pas. Pour moi, les droits de la personne importent beaucoup. C’est dans ce sens-là que j’ai écrit récemment El Color De Tu Piel (La Couleur de ta peau). Je suis arrivée au Québec le jour de la fête de Dollard. Du haut des airs, j’apercevais des feux d’artifice. Il y avait quelque chose, une énergie. Dans Salut, Montréal!, je dis: "les gens d’ici sont des soleils qui dansent". Ici, il y a une soif de connaître l’autre. Les femmes ont pris leur place. Dans Mujer, je parle de femmes qui luttent, qui chantent ce courage de dire."

Sur son troisième album paru au printemps, et réalisé avec soin par Alejandro Rodriguez, Soraya Benitez célèbre son héritage culturel. Voici quelques mots de Herencia (Héritage): "J’ai appris que dans le silence de ma terre sans frontières/Il y avait une mère accouchant d’un monde à sa manière." "Le ventre de ma mère exprime cette passion pour la musique", ajoute la chanteuse. Aussi, de très grandes chansons d’amour: Creo En El Amor et Necessito. "L’amour, ajoute-t-elle, c’est l’amour de tout: la terre, l’humanité, une personne, les enfants, les personnes âgées, la jeunesse oubliée. Souvent, à la fin des concerts, on vit des choses très particulières. Quelqu’un s’approche et vient dire: "Ce soir, tu m’as appris ce qu’est la vie.""

Le 22 octobre à 20 h
Au Théâtre Petit Champlain
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