Wynton Marsalis : Quand ça fait Bop !
Musique

Wynton Marsalis : Quand ça fait Bop !

Wynton Marsalis se nourrit du passé et du présent pour élever l’improvisation à son plus haut niveau. Il nous parle de l’importance du swing et du jeu devant public.

Au début des années 80, la critique a désigné le style de Wynton Marsalis, cette cohabitation du swing propre à la période bop et de l’harmonie moderne, par l’expression "bop contemporain". Certes, le trompettiste accorde une grande importance au swing et prend en compte l’héritage culturel légué par le jazz: "Nous retournons aux objectifs premiers du jazz: jouer le blues, communiquer étroitement de façon à favoriser les échanges, à permettre à chacun des musiciens de prendre sa place. Tout cela facilite l’improvisation. C’est alors plus facile de créer des solos. Tous les artistes s’inspirent d’œuvres qui les ont précédés: Shakespeare, du théâtre grec, Picasso, de l’art africain, les jazzmen d’aujourd’hui, du spiritual ou de la musique de Jelly Roll Morton. Ils sentent qu’ils appartiennent à la même histoire. Ce n’est pas étonnant que les racines du jazz se retrouvent dans les œuvres que les musiciens de jazz créent aujourd’hui."

Wynton Marsalis vient de lancer un album enregistré en concert en 2002 au House of Tribes de New York. Il voulait que l’accent soit mis sur le jeu plutôt que sur un concept préétabli. Il est entouré de Wessell "Warmdaddy" Anderson (saxophone alto), d’Eric Lewis (piano), de Kengo Nakamura (contrebasse) et de Joe Farnsworth (batterie). Rarement un disque live aura-t-il si bien sonné: la trompette à l’avant-plan, la batterie bien présente, l’énergie bien palpable de Wess Anderson, qui n’est pas sans rappeler celle de Cannonball Adderley. Les musiciens interprètent six standards dont le festif 2nd Line, du légendaire batteur néo-orléanais Paul Barbarin, les ballades Just Friends et You Don’t Know What Love Is, ainsi que Green Chimneys de Thelonious Monk: "Dans les années 70, certaines pièces ont été jetées dans l’oubli ou jouées dans un même style. Depuis le début des années 80, les musiciens combinent des classiques provenant de toutes les époques: Tiger Rag, Sweet Georgia Brown, Stardust, Giant Steps ou encore Invitation dans la version que Joe Henderson en donne sur Inner Urge. Dans Green Chimneys, de Monk, ce que j’aime, c’est la progression d’accords: un accord mineur et un accord dominant en même temps."

En plus d’être un grand interprète, Wynton Marsalis est un esprit rassembleur et un fin pédagogue. Il assume la direction artistique de Jazz at Lincoln Center: "Le Lincoln Jazz Orchestra y donne un très grand nombre de concerts, interprétant des compositeurs qui vont de Jelly Roll à Ted Nash. Beaucoup d’aînés viennent s’y produire. Récemment, nous avons accueilli un grand orchestre de Russie." Il parle avec enthousiasme de la relève en trompette: Marcus Printup, Ryan Kysor, Sean Jones, Christian Scott, Bredan Lee. Par le respect du passé, par l’énergie créatrice, par la rencontre avec les autres, Marsalis fait ressortir la profonde humanité de l’aventure "jazzistique". À Montréal, le trompettiste se présente en quartette. Il sera entouré de Walter Blanding au saxophone, de Carlos Henriquez ou de Dan Niemeyer à la contrebasse et d’Ali Jackson à la batterie.

Le 22 octobre
À la Salle Wilfrid-Pelletier
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