Daniela Mercury : L'ancien et le nouveau
Musique

Daniela Mercury : L’ancien et le nouveau

Daniela Mercury réalise la fusion entre les rythmes brésiliens et l’électronique. Sa musique amalgame l’esprit festif du carnaval à plusieurs autres langages.

La musique de la chanteuse brésilienne Daniela Mercury, malgré ce mélange des rythmes brésiliens et du langage de l’électronique, conserve l’esprit du carnaval et le sentiment d’appartenance qu’il donne aux Brésiliens: "Le carnaval de Rio dit ce que nous sommes comme peuple, comment nous nous exprimons, dansons, sommes ensemble dans les rues. Je continue à garder un lien étroit avec le carnaval. Son esprit se perpétue dans ma musique. J’essaie toujours d’utiliser l’idée du carnaval pour communiquer des choses importantes. Avec le temps, la musique électronique s’est beaucoup développée. Il y a plus de 15 ans déjà, de nombreux D.J. européens se servaient de la musique brésilienne. J’ai alors décidé d’utiliser moi aussi l’électronique pour ouvrir davantage ma musique."

Au début des années 90, Daniela Mercury fut à l’origine d’une fusion entre la samba et le reggae, rapprochement influencé par les cérémonies du candomblé (culte et musiques qui sont un peu l’équivalent brésilien du vaudou haïtien). La chanteuse allait alors briser bien des résistances. Les percussionnistes des quartiers déshérités sont à l’origine de ce nouveau rythme très énergique: "J’adore littéralement le rythme. Et il est si facile de danser sur la samba-reggae. Notre culture est née du candomblé. Depuis très longtemps, les percussionnistes jouent les rythmes africains (en rapport avec la religion). Notre culture en est une de syncrétisme. Les percussionnistes utilisent leur culture pour la mélanger avec d’autres, créant ainsi de nouvelles branches, de nouveaux sillons."

Trois albums récents de Daniela Mercury illustrent parfaitement ce métissage entre les racines de la musique brésilienne et les dernières avancées de l’électro-pop: Sou De Qualquer Lugar, Eletrodomestico et surtout le dernier, Carnaval Electrônico. L’instrumentation brésilienne traditionnelle (berimbau, percussions, cuivres) rencontre le funk, le rap, le drum’n’bass, le techno, le house, le lounge. La chanteuse y invite des musiciens déjà ouverts à cette démarche (Gilberto Gil, Carlinhos Brown, Lenine): "Carnaval Electrônico est d’abord une célébration. La technologie est l’une des formes que prend le changement. C’est un moyen d’obtenir de nouveaux sons. Cela contribue à briser les règles, à ouvrir l’esprit. J’aime le dialogue entre le funk et des éléments de langage plus contemporains. Gil, Brown et Lenine sont des artistes constamment en recherche. Ensemble, nous avons permis de modifier des attitudes par rapport à la musique. Il y a 50 ans, la musique était plus axée sur l’harmonie, maintenant elle est plus minimaliste. Carlinhos est le principal producteur du mouvement des tribalistes. Il aime explorer. Il sait comment faire sonner les instruments lors d’une session d’enregistrement."

Malgré son intérêt pour la modernité, Daniela Mercury reste fidèle aux chansons qui ont bercé sa jeunesse. Elle vient de produire un DVD, Classica in Brasil, où elle rend hommage à Tom Jobim, Chico Buarque, Gilberto Gil, Joao Bosco, Caetano Veloso: "J’ai commencé par chanter des classiques. Ces chansons me stimulent énormément. C’est la référence la plus importante que j’aie dans la vie."

Le 28 octobre
Au Métropolis
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