Jean Laurendeau : Macro-ondes
L’ondiste Jean Laurendeau participera à la création mondiale de Plénitude et Résonances, une œuvre écrite pour souligner les 100 ans de l’oratoire Saint-Joseph.
Jean Laurendeau est un grand expert en matière d’ondes Martenot, cet étrange instrument de musique électronique inventé à la fin des années 20 par Maurice Martenot, à qui il a par ailleurs consacré une biographie faisant autorité (Maurice Martenot, luthier de l’électronique, Louise Courteau éditrice, 1990). Mais pourquoi se lancer dans l’apprentissage d’un tel instrument, toujours marginal au début des années 60, alors que l’on est déjà un excellent clarinettiste à l’emploi de l’Orchestre symphonique de Québec? Jean Laurendeau, qui est le fils du journaliste et grand intellectuel André Laurendeau, explique: "Mon père animait à Radio-Canada une émission de télévision qui s’intitulait Pays et Merveilles (1953-1961) et un jour, la "merveille", c’était les ondes Martenot, que Ginette, la sœur de Maurice, était venu présenter. Comme mon père savait que j’étais intéressé par la musique contemporaine, il m’a invité à la rencontrer. J’avais vaguement entendu parlé de l’instrument, mais assez pour être intéressé. Ginette Martenot était tellement convaincante qu’à peine descendu de la voiture avec laquelle nous étions allés la chercher à l’aéroport, j’étais accroché. À partir du moment où je l’ai vue faire une démonstration de l’instrument, avec cette sonorité sublimé par rapport aux sons que l’on connaissait, et ce contrôle qu’en a l’interprète, je suis devenu un défenseur des ondes Martenot. C’était en 1956 et je ne suis allé apprendre l’instrument à Paris qu’en 1962."
C’est le compositeur Gilles Tremblay qui lui a en quelque sorte donné le coup de grâce en lui disant: "Tout musicien qui se respecte devrait avoir fait au moins une fois dans sa vie un son filé aux ondes Martenot." Quelques semaines plus tard, et pour trois ans, Jean Laurendeau apprenait à manier l’instrument auprès de Jeanne Loriod à l’École normale de musique de Paris.
De retour chez nous, Jean Laurendeau partagera ses talents d’interprète entre la clarinette et les ondes Martenot, un instrument pour lequel chacun voudra écrire une pièce, de Gilles Tremblay, lui-même ondiste, à Claude Vivier, en passant par José Evangelista, Walter Boudreau, Michel Gonneville ou Jacques Hétu, pour n’en citer que quelques-uns. Les personnes curieuses d’entendre l’instrument seraient bien avisées de se procurer le tout récent disque de l’électroacousticien Gilles Gobeil, Trilogie d’ondes (chez Empreintes digitales), qui met en vedette une autre ondiste québécoise de premier plan, Suzanne Binet-Audet.
Jean Laurendeau participera à la création d’une œuvre de Pierre Grandmaison, Plénitude et Résonances, un oratorio pour double chœur, orgue, ondes Martenot et orchestre symphonique, qui sera présenté à l’oratoire Saint-Joseph afin d’en souligner le centenaire. Avec l’Orchestre métropolitain des grands soirs (97 musiciens), sous la direction de Julian Wachner, Philippe Bélanger à l’orgue dont il est le titulaire, les chœurs de l’Université McGill, de l’église Saint-Andrew et Saint-Paul ainsi que les Petits Chanteurs du Mont-Royal!
"C’est l’Orchestre métropolitain qui m’a approché, explique l’ondiste, et j’ai par la suite contacté Pierre Grandmaison pour discuter de la partition." Était-il étonné qu’on lui propose une telle création aujourd’hui, alors que les œuvres qui intègrent les ondes Martenot semblent se faire de plus en plus rares? "C’est plutôt le contraire qui m’étonne! Qu’il n’y en ait pas plus souvent. Je demeure vraiment étonné que cet instrument n’ait pas été davantage adopté par les compositeurs. En ce qui concerne l’œuvre de Pierre Grandmaison, le grand héros, ce sera le chœur, mais les ondes Martenot y font des interventions très significatives." Une création de grande envergure…
Les 28 et 29 octobre
À la basilique de l’oratoire Saint-Joseph
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