Monica Freire : Monica la merveille
Monica Freire a su marier avec subtilité les rythmes traditionnels brésiliens et l’électronique sur son récent Bahiatronica. Assistée de quelques petits génies, elle transpose son univers singulier sur scène.
Il y a les astres qui reflètent la lumière des étoiles, puis il y a les corps célestes, telle Monica Freire, qui produisent leur propre lumière. Sur disque, impossible de résister à la douceur de sa voix suave; en personne, ses yeux éclatants et son sourire ont tôt fait de vous charmer. La Brésilienne d’origine, devenue Montréalaise au milieu des années 90, est en train de faire le coup à toute la planète worldbeat qui, avec raison, se pâme depuis une dizaine d’années pour le brazilectro unique de la chanteuse nouvellement maman.
Rêve, persévérance et collaborations fécondes. Voilà les ingrédients qui ont permis à Monica d’accoucher de cet album, après un labeur de plus de trois ans. "Beaucoup de projets ne voient pas le jour parce qu’il est difficile de créer. On est souvent découragé, les obstacles sont nombreux. Moi, j’ai eu la chance de rencontrer Dan [Gigon, son complice depuis dix ans, bassiste et compositeur] et d’autres créateurs, comme les réalisateurs Guy Dubuc et Marc Lessard, qui ont cru dans mon projet, et le poète Álvero Faleiros, qui signe quelques chansons sur l’album. Dan et moi avons rêvé ensemble de ces choses-là qui nous arrivent aujourd’hui et nous avons veillé à ce qu’elles se réalisent."
Monica a la force tranquille des gens qui savent ce qu’ils font. Tout est cohérent dans son monde: lorsqu’elle parle du rêve, elle vous raconte l’importance des graffitis pour les enfants des favelas; lorsqu’elle explique à quel point il est crucial de se sentir chez soi quelque part, "dans son nid", elle évoque ces oiseaux qui tournaient sans fin au-dessus de son hôtel dans un Tokyo bétonné, ne sachant où se poser; elle sait mettre en parallèle son amour pour les ports avec la sécheresse que connaît le Brésil depuis des années – et qui nous guette tous -, forçant des familles entières à se faire nomades pour trouver de l’eau; elle regrettera de ne pouvoir en faire plus pour les problèmes de l’Afrique, continent "sans lequel le Brésil n’existerait pas". De ce Brésil natal, d’ailleurs, elle aura conservé la faculté de pouvoir parler de la gravité des choses avec poésie et sérénité. "C’était très important pour moi que mes chansons parlent aux gens. J’aimerais être une rockeuse pour crier des vérités, mais ça ne m’a pas été donné. La douceur est mon arme pour changer le monde. Je suis peut-être naïve…"
Pour son tout nouveau spectacle, qu’elle donne au Club Soda dans le cadre du Coup de cœur francophone, Monica a suivi la même recette que pour son album et s’est entourée de créateurs pour qui elle a eu un véritable… coup de cœur! Pour les projections vidéo, elle a fait appel à Brigitte Henry, qui s’est fait connaître pour ses photographies sous-marines; aux éclairages, elle a choisi Yan Lee Chan, "un fou talentueux" qui a surtout travaillé en danse contemporaine et en théâtre. Enfin, on retrouvera Éric Nokami aux platines, pour accompagner les instruments plus organiques.
Le 4 novembre
Au Club Soda