Anaïs Croze : La zone grise
Anaïs Croze débarque pour la première fois au Québec armée de sa voix cristalline, de sa guitare, de son échantillonneur et de ses délirantes histoires croquées sur le vif. Souriez, vous êtes aux insolences d’une chanson.
Après s’être fait la main au sein du combo rock Opossum, la chanteuse et guitariste française Anaïs Croze décidait en 2003 de se concentrer sur la chanson réaliste et jetait les bases de son Cheap Show, bouquet de vignettes sonores à l’humour vif, cueillies au cœur du moment. "C’est ce qui m’intéresse, explique la native d’Aix, écrire sur le moment beaucoup plus que sur le quotidien. Je dis toujours que mes chansons, c’est un peu le 24 h chrono de la chanson (rires), parce que j’essaie vraiment de choper les moments et de rendre les gens spectateurs de ce moment. C’est pour ça que le titre du spectacle, c’est Cheap Show; il y a un côté cheap, effectivement, parce que je suis toute seule, et ça rappelle le mot peep show un peu, qui veut dire: "Regardez, vous êtes témoins de quelque chose." Et c’est ce qui me plaisait quand je regardais des comédies musicales américaines; ils se mettent toujours à chanter sur n’importe quel moment. Il y avait des fantaisistes des années 30, 40 en France qui faisaient pareil, puis ça s’est un petit peu perdu…"
Sur scène aussi, l’artiste s’amuse à prendre des instantanés, sonores ceux-là, à l’aide d’un sampler avec lequel elle construit sur-le-champ divers types de boucles, un peu comme le fait l’ami Dumas en solo. "C’est quelque chose qui m’a beaucoup plu, cet instrument, quand je l’ai découvert, parce que ça correspondait tellement à mes envies de m’amuser avec ma voix et aussi avec les rythmes. Parce que j’aime bien rester en rythme; je trouve que ça ne se fait pas beaucoup d’ailleurs, en français, de jouer avec les rythmiques… Cette machine m’a vraiment permis de décoller encore plus avec mon spectacle, même si je n’ai pas envie qu’elle en soit trop partie intégrante. J’ai envie de garder le tout très simple, mais aussi de pouvoir le transformer un peu, donner tout ce côté un peu schizophrène, aux multiples personnalités… et leur contraire!" poursuit l’artiste de 29 ans, grande admiratrice de Judy Garland, Etta James, The Beach Boys et autres Marie Dubas. "Elle était complètement folle! dit-elle de cette dernière, grande dame de la chanson fantaisiste française. Elle mélangeait humour, danse et chant sur scène; un véritable ouragan, cette femme!"
Ses amusants petits sketchs-vérité aux accents folk, Anaïs les habille d’un humour cinglant, maintenant sa plume adroitement en équilibre entre le sérieux et la dérision, sa zone grise de prédilection. "J’aime beaucoup rester sur le fil parce que j’aime bien faire rire, alors je ne vais pas m’en priver, confie-t-elle. Et en même temps, je trouve ça intéressant, car pour moi, les choses les plus drôles sont justement celles qui restent sur le fil, un petit peu. C’est ce qui me plaît aussi de certaines séries très comiques ou très cyniques, lorsque mine de rien il y a un fond très dur. J’aime bien sentir un fond derrière les choses drôles, même s’il est difficile à percevoir…"
Le 10 novembre à 20 h, avec Anik Jean
Au Théâtre Petit Champlain
Dans le cadre du Coup de cœur francophone