Tom Poisson : La pêche miraculeuse
Tom Poisson se veut sans conteste le nouveau venu de la nouvelle chanson française telle que la conçoivent ses confrères Sanseverino et Bénabar, ou encore le grand frère Souchon.
Encore méconnu ici mais repêché l’été dernier par une maison de disques québécoise seulement sur la foi d’un fort bel accueil autant critique que public en France l’an dernier, Tom Poisson risque fort de séduire les amoureux de la chanson française lors de son premier passage de ce côté-ci de l’Atlantique. La raison principale étant qu’avec son premier opus Tom Poisson fait des chansons, l’auteur, compositeur et interprète est allé se nicher dans le giron de ces auteurs qui ont su redonner un autre souffle à ce qu’on peut appeler la "chanson française", comme Bénabar, Vincent Delerm ou Thomas Fersen.
Un premier album qui se laisse apprivoiser très facilement, aussi sincère que possible, où Jean-Michel Couegnas de son vrai nom dépeint avant tout son petit monde et ceux qui l’habitent, le tout d’une manière très intimiste, mais sans aucune prétention, épaulé par une poignée de musiciens aussi discrets que précis dans leur travail.
Bref, une approche qui ne peut faire dévier les nombreuses comparaisons d’usage ni même éviter l’association à une vague musicale française qui prend beaucoup de place présentement. Ce qui, par contre, ne dérange pas le moins du monde le principal intéressé quand on lui mentionne ces points de repère. "On en parle beaucoup, effectivement, réplique Tom Poisson. Bénabar et Delerm ont émergé avant nous [son groupe] et ce sont ceux qui ont le plus de reconnaissance présentement. Mais c’est aussi la preuve qu’il y a un véritable engouement pour des personnalités plus que pour des gens qui ont des qualités de "chanteur", pour ceux qui sont avant tout des "voix". En ce sens, il est très intéressant de constater la popularité d’artistes qui écrivent des textes et qui trimballent avec eux un vécu, sans nécessairement être de grands chanteurs. Et pour ma part, ce sont ceux qui me touchent le plus."
On l’a vu chez d’autres auteurs, et c’est un procédé qui fonctionne tout aussi bien chez Tom Poisson: raconter son monde intime en détail pour mieux toucher à l’universel. "Ce qui m’intéresse, explique le chanteur, c’est d’être à la base du processus et de fabriquer mes petites histoires comme on peut fabriquer n’importe quel objet artisanal. Bien sûr, c’est une façon de recevoir une part de reconnaissance et d’amour, mais aussi, au-delà de tout ça, de me raconter avec le plus de sincérité possible. Car du moment que ce n’est pas sincère, ça enlève tout le sens…"
Tom Poisson est de ceux qui ont un peu tout fait avant d’en arriver là (du théâtre et de la musique dans un autre groupe, Arnoulph) et qui ne le regrettent aucunement. "Dans ce business, le cheminement est très long et très progressif, mais il est du même coup nécessaire. Je crois qu’il faut savoir garder un cap: dans mon cas, j’ai une petite lanterne qui est allumée quelque part au loin et qui m’aide à me diriger, même si j’ai pris beaucoup de détours et que je me suis beaucoup éloigné de ma trajectoire."
Le 9 novembre à 20 h, avec Damien Robitaille
Au Théâtre Petit Champlain
Dans le cadre du Coup de cœur francophone
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