Accrophone : Planète haute-ville

Le 24 octobre dernier, l’album Duo du balcon d’Accrophone était en nomination dans la catégorie Album hip-hop de l’année au gala de l’ADISQ. Pas mal pour un compact vendu à près de 5 000 exemplaires, surtout si on compare aux 60 000 unités écoulées du dernier-né des Loco Locass, Amour oral. Sans grande surprise, les auteurs de Libérez-nous des libéraux sont repartis avec le Félix ce soir-là. Reste que si Accrophone s’est retrouvé en lice au gala, c’est en raison de la solide réputation acquise par le duo sur la scène rap francophone.

"Nous ne nous attendions pas vraiment à gagner, nous ne sommes pas déçus", soutient le MC Emmanuel Lajoie-Bégin au lendemain de la cérémonie. "Par contre, nous avons été surpris d’apprendre que nous étions en nomination. D’un autre côté, c’est juste logique que l’ADISQ s’ouvre les oreilles au hip-hop indépendant d’ici, poursuit le rappeur Claude Bégin. Avec le temps, la scène arrive à maturité et atteint maintenant un niveau de qualité que personne ne peut ignorer."

Cette barre placée plus haut n’est pas passée inaperçue aux yeux de l’ADISQ et de Musique Plus, qui présente en ce moment de nombreux clips produits par de jeunes artistes hip-hop de la province. En rotation, les vidéos de Ruffneck, de Damien et de l’Assemblée côtoient le clip d’Accrophone pour la pièce Laissez-moi dormir. Véritable hymne à la paresse, l’extrait s’inspire de la vie d’Emmanuel et de Claude, qui ont formé le duo il y a environ huit ans dans la ville de Québec. Les deux MC habitent toujours dans la vieille capitale, en haute-ville, et aiment se la couler douce. "Les activités du groupe nous demandent plus de temps qu’avant, mais pour nous, la vie doit être pénarde", affirme Emmanuel, qui vit toujours chez sa mère. "Nous n’avons même pas de boulot, lance Claude. Nous passons nos journées à composer, à enregistrer en studio, à écouter de la musique (le dernier disque de Common) et à nous promener à Québec. Emman fait beaucoup de graffitis sur les édifices de la ville. Avec des amis, nous voulons convaincre les élus municipaux de libérer certains murs et d’y légaliser les graffitis", souligne le principal intéressé.

Explorant les courants rap, soul et parfois même jazz, Accrophone utilise des échantillonnages de flûtes et de cuivres, allège ses pièces de guitare acoustique et dynamise le rythme grâce à la voix mordante d’Emmanuel et à celle, plus polyvalente, de Claude. Énergiques, les deux rappeurs maîtrisent aussi la scène où ils s’entourent des Deux Tom (autre formation hip-hop de Québec). Contrairement à la tendance actuelle, le duo ne cherche pas à rassembler une pléiade de musiciens en concert. Le courant émane directement des charismatiques chanteurs dans la jeune vingtaine qui, même dans une formule plus simple, arrivent parfaitement à rendre l’intensité de leur premier disque paru en mai dernier. Ils participeront au Coup de cœur francophone avec Damien, Daniel R. Garrido et Miccalauréat.

Le 8 novembre
Au Club Soda
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