aKido : Humain après tout
Musique

aKido : Humain après tout

aKido affectionne le métissage et l’a prouvé avec une première carte de visite foisonnante, à cheval sur le rock et l’électronique. Il s’apprête maintenant à envahir le Cabaret. It’s playtime!

"Ce que je fais, c’est du rock électronique instrumental. Pas du dance, du house, du gros heavy métal ou de la pop, mais un peu tout ça en même temps", précise d’entrée de jeu Kim Gaboury, alias aKido. Calme, presque flegmatique, mais l’œil vif et le verbe facile, le musicien est de retour en terre québécoise après une escale de dix jours en Chine en compagnie du guitariste Michel Cusson. Responsable de la programmation et des arrangements de musique électro pour le spectacle ERA Intersections of Time du Cirque de Shanghai, Gaboury conserve un précieux souvenir de l’expérience. "C’était impressionnant. Des hommes et des femmes risquaient leur vie à chaque représentation", raconte-t-il, la voix vibrante.

Après avoir occupé le poste de guitariste au sein de l’éphémère combo Zolof il y a presque dix ans, le musicien a décidé de faire cavalier seul. "J’avais envie de créer sans être dépendant des autres. Avec un groupe, on perd des plumes en cours de route et certains membres finissent par manquer d’intérêt. Difficile à maintenir en vie à long terme", avance-t-il. Source d’inspiration pour bon nombre de cliqueurs de souris de la province, il a su capter l’attention des médias il y a quelques mois grâce à l’exercice de collage Les Humains, échantillonnant un discours du controversé cinéaste et pamphlétaire Pierre Falardeau. "De nos jours, c’est ardu pour un artiste électro de se démarquer du peloton. Il faut faire preuve d’inventivité, oser et faire les choses différemment. J’ai tenté le coup et ça a fonctionné", explique-t-il. À propos de sa rencontre avec le cinéaste, il raconte: "Dès qu’il a constaté qu’on ne se moquait pas de lui, il s’est prêté au jeu. Plus tard, il était fasciné d’apprendre que la chanson circulait librement sur le Web. Étant ouvert d’esprit, cette nouvelle façon de distribuer les œuvres l’a intrigué au plus haut point."

Cette circulation libre fut bénéfique pour le bidouilleur, permettant à ses morceaux de se répandre à l’échelle internationale. Alors que le téléchargement cause une certaine commotion au sein de la communauté artistique, aKido ne s’y oppose pas. "C’est comme la radio. Je suis convaincu que quelqu’un qui télécharge une chanson qu’il aime achètera l’album, ou peut-être même la collection, de l’artiste. Je souhaiterais simplement que les fournisseurs trouvent des moyens de donner des redevances aux artistes", précise-t-il.

Sympathique "carte de visite", le bouillonnant Playtime (titre inspiré d’un documentaire sur le légendaire comique français Jacques Tati) fut concocté dans le confort de son cubicule de création. Allergique aux gros studios, monsieur aKido? "Depuis une dizaine d’années, j’enregistre chez moi. C’est incroyablement pratique de pouvoir travailler à son rythme. Je peux me faire une rôtie puis revenir terminer une piste de guitare sans me casser la tête! Aujourd’hui, tout le monde a accès à cette technologie très peu dispendieuse. Ça change du stress et de l’horloge au-dessus de nos têtes", raconte-t-il.

Même s’il préfère la liberté du travail en solo, il n’a pu s’empêcher de retenir les services d’un batteur et d’une claviériste-chanteuse pour ses prochains spectacles. "Sur scène, un gars avec un laptop, c’est poche", lance-t-il avant d’éclater de rire. "J’avais envie d’offrir de vraies performances de musiciens et un esprit rock incisif avec une guitare très présente. Pouvoir franchir la froideur de l’électro et rendre ça chaleureux." Humain… après tout.