Anis : La chance au coureur
Porté par La Chance, Anis débarque chez nous avec sa voix chaude… et la ferme intention de nous faire danser!
Le jour de l’entrevue avec Anis, 18 degrés Celsius séparaient Paris et Montréal. "C’est toujours agréable à vivre, mais je ne sais pas vraiment si c’est bon signe à ce moment-ci de l’année."
Un simple commentaire qui en dit long sur ce nouveau chanteur d’origine russo-marocaine, découvert par hasard dans une station de métro parisienne et à qui EMI faisait signer un contrat de trois disques douze mois plus tard. On pourrait l’imaginer en pleine euphorie, vivant son American dream européen, réalisant son grand rêve de chanter professionnellement; mais non, ce beur ayant grandi dans une "sweet banlieue pourrie, dans un appart de classe moyenne insonorisé avec de la moquette" a les deux pieds sur terre: "Il faut être imbécile pour être heureux tout le temps, de nos jours. On peut toujours trouver des raisons de se réjouir et de festoyer, certes, mais si on regarde vraiment ce qui se passe autour de nous et dans le monde, c’est désespérant! On a l’impression que c’est fini, les grands mouvements… Il y a la faim, la misère, et on n’arrive pas à se prendre en main avec l’argent que nous avons tous. Et je suis comme tout le monde, je ne fais rien."
N’imaginez pas sa musique dépressive pour autant. Au contraire, son premier album, le bien nommé La Chance…, donne plutôt envie de danser, avec la voix chaude et omniprésente d’Anis, et ses rythmes reggae, ragga et hip-hop. Cet éclectisme lui sied d’ailleurs très bien, et lorsqu’on lui fait remarquer la grande maturité de son univers musical, il s’étonne: "J’ai pourtant tellement de choses à apprendre, j’ai plein de carences! Mais c’est vrai que quand j’étais plus jeune, j’ai toujours eu le souci d’écouter toutes les sortes de musiques. J’aimais NTM, sorte de Public Enemy français, mais je m’intéressais aussi à Piaf, à 14 ans."
Issu de la culture rap, Anis se fait très critique de ce qui s’y trame en France: "Les rappeurs peuvent se bastonner pendant le concert, mais ils ne vont pas se provoquer au micro, dans une bataille de M.C., par exemple. Un rappeur vient de s’y mettre en France, il s’appelle MC Jean Gabin, il taille le portrait de tout le monde et, du coup, personne ne lui répond sur disque, même qu’on le boycotte: personne n’achète ses CD quand il est programmé dans des festivals, les autres rappeurs ne veulent pas jouer s’il est là… Ce n’est pas une attitude très rap."
Conséquence d’un "micmac pas possible" avec les douanes, Anis et sa bande voyageront léger. "On jouera avec les instruments qu’on va nous prêter sur place: contrebasse, guitare, batterie et piano. J’ai très hâte d’aller vous raconter mes petites histoires… et de vous faire danser!"
Le 5 novembre
Au Lion d’Or
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