Julien Ribot : Pop psychédélique
Musique

Julien Ribot : Pop psychédélique

Julien Ribot, fabuleux chanteur français, présente sa pop psychédélique et symphonique, sophistiquée, un peu dingue. Des chansons planantes et suprêmement jouissives.

Déjà, en 2001, on prêtait une oreille attentive à Julien Ribot, jeune chanteur niçois fringué en dandy qui sortait un album stupéfiant de richesse sonore et d’audace: Hôtel Bocchi. Ce type avait de l’envergure, un goût du risque et des influences aussi éclatées que ses chansons : "Serge Gainsbourg, c’est un peu un incontournable avec son album Histoire de Melody Nelson ou Pink Floyd période Syd Barrett, tout le glam-rock aussi, comme Bowie, Roxy Music. Ce qui me touche, surtout, c’est ce qui est psychédélique, bizarroïde. Mais j’aime aussi les trucs dépouillés comme Neil Young et les premiers disques de Dominique A.", confie un Ribot attentif et plein d’humour (très pince-sans-rire) au bout du fil.

Il faisait bon circuler dans les couloirs de l’Hôtel Bocchi, aux murs tapissés de velours, et la suite de son architecture sonore fut tout aussi étonnante en 2004. Sous le titre énigmatique La Métamorphose de Caspar Dix, Ribot pousse encore plus loin la recherche musicale, entremêle avec doigté les cordes, le rock, le piano avec une jubilatoire liberté. L’imagination, Ribot s’en gave et tente d’expliquer le propos de son nouvel album: "C’est l’histoire d’un petit garçon qui tombe amoureux de deux sœurs siamoises qui sont accrochées par la tête et l’une des deux va tomber dans le coma à la suite d’une opération qui tentait de les séparer. Lui, il va devenir un peu fou à la suite de ça, collectionner des images de femmes bizarres (femmes à barbe, femmes-serpents), puis de vraies femmes qu’il va fabriquer avec l’aide d’un savant fou. Et pour compléter sa propre collection, il va se transformer lui-même en petite fille."

Qu’on se rassure, dans tout bon album-concept, comme c’est le cas chez Ribot, il n’est pas nécessaire de comprendre parfaitement l’histoire, il suffit de se laisser enivrer par chacun des morceaux portant en lui un monde à la fois clos et ouvert: "J’ai volontairement mis les chansons dans un ordre qui n’est pas nécessairement chronologique. Je me suis un peu inspiré de David Lynch, qui est un cinéaste que j’aime beaucoup. Dans les chansons, je préfère lorsqu’on ne comprend pas tout, afin qu’il y ait un échange avec l’auditeur, qu’il puisse imaginer sa propre histoire."

Le partage s’effectue aussi entre le chanteur et son groupe, le Hitoribocchi Orchestra, qui l’accompagne sur disque et souvent – comme ce sera le cas au Québec – sur scène: "Hitoribocchi, c’est un mot japonais qui signifie "enfant solitaire, abandonné". Comme pour mes deux albums, c’est moi qui écris les textes, compose les musiques et fais la plupart des arrangements. Je trouvais que Julien Ribot et l’orchestre de l’enfant solitaire, c’était une jolie manière de présenter le projet." Et de tels projets exaltent à un point tel que l’on s’y rend comme à une fête étrange et lubrique.

Le 9 novembre
Au Cabaret
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