La Chango Family : Le repos du guerrero
Musique

La Chango Family : Le repos du guerrero

La Chango Family, après 500 spectacles en cinq ans, s’offre un dernier concert au Coup de cœur francophone, avant de reprendre (un peu) son souffle.

"Ce sera un spectacle placé sous le signe de la maturité", annonce tout de go Lundo, leader chanteur de la tribu Chango. Parole étonnante, puisque le groupe a donné pas moins de 500 spectacles depuis sa fondation, il y a cinq ans. "Ça peut être vu comme un poncif de parler de maturité, mais pas dans notre cas: on a tellement joué, tellement bouffé de kilomètres, tellement inventé de concepts de spectacles différents… On a toujours essayé d’être à l’avant-garde de notre propre folie, de sublimer ce qu’on est. J’ai même l’impression qu’on commence seulement à domestiquer la bête Chango."

L’entrevue, qui devait au départ porter sur un spectacle, dérive vers la difficulté de faire groupe (ils sont dix), de faire couple (Lundo et Marushka, qui ont fondé le groupe ensemble, sont amoureux et parents de marmots) et surtout, de rester intègre dans l’évolution… et le succès: la Chango a eu l’honneur de jouer au Festival de jazz de Montreux cet été et de décrocher le prix du public. Elle s’est éclatée au festival Esperanza, en Belgique, et la réponse du public était aussi bonne, voire meilleure que pour des artistes comme Mano Solo. Ici, elle a fait les Francofolies quatre ans d’affilée, et on la perçoit comme un groupe-phare de la scène world francophone.

On est loin de la bande de garage néo-hippie-granole des débuts. Alors, comment on fait pour tenir le coup, à dix musiciens qui ont chacun leur sensibilité, avec un chanteur reconnu pour être un "maudit Français" très exigeant, avec ces programmateurs de salles qui refusent de les faire jouer parce qu’ils sont trop nombreux, avec un public qui gueule parce que Lundo porte un survêtement Adidas offert par sa sœur ou parce qu’il chante dans une autre langue que le français? "Il faut avoir une vision et s’y tenir, sans compromis.C’est cette intégrité qui nous a permis d’éviter la désintégration. Puis, il faut toujours avoir des aventures devant soi, pour éviter la stagnation. Nous avons vite compris qu’il nous fallait sortir de l’enclave du Québec, un petit pays avec un marché restreint. Enfin, et c’est le plus important, il faut faire un travail sur soi, individuel et collectif. Quand tu te trouves dans la vérité du chemin et de la tournée, tu découvres qui sont les autres à côté de toi, et tu te découvres, toi."

Avec un nouveau gérant et une nouvelle équipe qui veille à tout ce qui entoure la smala, on sent la Chango prête à muer. Marushka est d’accord. "On n’a jamais pris le temps de s’oxygéner, on s’est laissé prendre par une tornade festive, géographique, collective, sans interruption, depuis cinq ans. Ça nous a servi à grandir, à nous améliorer, certes, mais ça nous a également desservis. Il faut avoir l’humilité de le reconnaître. On rentre dans une nouvelle ère, on veut rattraper ce qu’on a mis de côté ou oublié: on veut épurer nos chansons, ouvrir le champ à la création collective, etc." Vivement la suite.

Le 5 décembre
Avec Yann Perreau
Au Club Soda
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