Michèle Losier : La bonne étoile
Musique

Michèle Losier : La bonne étoile

Michèle Losier accumule bourses et prix depuis quelques années et la voici dans un premier rôle à l’Opéra de Montréal, dans une production au titre qui lui va bien: L’Étoile.

En mars dernier, au bout d’un entonnoir dans lequel cherchaient à s’engouffrer pas moins de 1 500 postulants, 9 personnes se retrouvaient sur la scène du Metropolitan Opera pour la finale des auditions de la Mecque de l’opéra; Michèle Losier était de celles-là. Lorsque je la rencontre pour discuter de son premier rôle dans L’Étoile de Chabrier, à l’Opéra de Montréal, ce n’est donc pas par simple convenance que je lui demande si ça va bien. "Ça va très bien, ça me rend presque euphorique! Je recherche les endroits tranquilles, pour me calmer." Il y a de quoi. Récemment, les choses ont été vite pour la mezzo-soprano: tournée pancanadienne de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal en 2003-2004; rôle de Dorabella (Così fan tutte) à l’Opéra-Théâtre d’Avignon et à l’Opéra de Marseille; rôle de Zerlina (Don Giovanni) à l’Opéra de Nancy; programme d’été à San Francisco; inscription à la prestigieuse Juilliard School of Music de New York; puis le MET… "Je ne dirais pas que c’est allé trop vite, tempère-t-elle: c’est un enchaînement. Bien sûr, le MET m’a donné une grande confiance, parce que c’est venu de gens qui ne me connaissaient pas du tout. Je ne veux pas dévaloriser l’importance d’avoir des contacts, parce qu’il en faut, c’est comme ça que ça marche, mais dans le cas du MET, j’arrivais de nulle part et cette reconnaissance m’a donné une grande confiance."

Comme c’est souvent le cas, c’est un peu par accident que Michèle Losier est venue au chant. "J’étais au cégep Marie-Victorin en piano et j’ai été repérée dans la chorale. J’ai donc commencé à suivre des cours avec Madeleine Jalbert et, tout de suite, elle a voulu me préparer pour l’Université. C’était une surprise pour moi…" C’est donc en chant qu’elle s’inscrira à McGill, déclenchant un enchaînement de bons coups qui ne semble plus vouloir s’arrêter. "Je ne voulais pas faire l’Atelier d’opéra à McGill, parce que c’était trop prenant. Ça ne me semblait pas très formateur de passer 30 heures par semaine en répétition dans de petits rôles; alors, j’ai choisi l’Atelier de musique contemporaine, avec Denys Bouliane. On a fait les Folk Songs de Berio, les Lieder eines fahrenden Gesellen de Mahler arrangés par Schoenberg, etc. Avec ça dans mon CV, j’ai été approchée pour collaborer avec l’ECM (Elia, de Silvio Palmieri) et le NEM (L’Arche, Isabelle Panneton). Après McGill, l’Atelier lyrique a comblé le côté classique; j’ai fait beaucoup de mélodies françaises aussi, ce qui me sert énormément aujourd’hui à Juilliard, où tous les collaborative pianists veulent m’avoir pour jouer Debussy, Poulenc, etc." C’est peut-être une carrière américaine qui se dessine pour la chanteuse, mais pour l’instant, c’est chez nous qu’on peut l’entendre.

L’Étoile (1877), d’Emmanuel Chabrier, est un opéra-bouffe ou ça court, ça danse, et ça fait passer la voix de la mezzo du plus grave au plus aigu dans le temps de le dire. "C’est irréel et très imaginatif. Mon personnage s’appelle Lazuli; il y a Zalzal, Siroco, Hérisson de Porc-Épic, Koukouli, etc., dans des décors et costumes très fantaisistes." Michèle Losier retrouve dans la distribution toute québécoise de cette production de nombreux amis: "C’est très agréable de retrouver Jean-Marie Zeitouni (qui dirige l’Orchestre Métropolitain) et des anciens de l’Atelier comme Phillip Addis (Tapioca), ou que je connais simplement parce que le milieu est petit, comme Marie-Josée Lord (Laoula), Monique Pagé (Aloès) ou Frédéric Antoun (le roi Ouf 1er), qui a le même professeur que moi à New York. Nous sommes de la même génération et nous allons certainement retravailler ensemble. Il y a beaucoup de camaraderie dans cette production, presque trop, parce que tout le monde veut mettre son grain de sel…" Voilà qui devrait donner du goût!

Les 5, 9, 12, 14 et 17 novembre
À la Salle Wilfrid-Pelletier
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