Jamil : Le bum de bonne famille
Musique

Jamil : Le bum de bonne famille

Pour Jamil, toute vérité est bonne à dire, à condition d’y mettre un brin humour. Entretien avec un cordial gaillard au Petit Medley, son deuxième chez-soi.

L’ambiance du bar-spectacle montréalais dont il est propriétaire, fermé et désert en plein après-midi, se veut aussi accueillant que le personnage qui y rôde. De l’autre côté du comptoir, Jamil s’installe et joue les barmans, l’instant d’une discussion animée. Il faut dire qu’en tant qu’ancien gérant, promoteur et directeur artistique pour les Desjardins, Bigras, Charlebois, Boulay et près de 200 autres grands noms, Jamil Azzaoui en a long à raconter. C’est désormais en tant que chanteur irrévérencieux et vaudevillesque, raconteur parfois tendre, souvent grivois, mais jamais fastidieux, que le grand manitou de l’industrie musicale québécoise s’émancipe à sa façon. Au départ, il admet qu’on ne le croyait pas si sérieux. "Pour le premier album, on disait: "c’est un vieux qui se paie un trip. On n’en entendra plus parler dans deux mois"", se moque Jamil, une bière à la main. Cette prophétie s’avéra inexacte alors que Pitié pour les femmes a fait un tabac malgré la réticence des radios commerciales. Et voilà que Jamil rapplique avec Pitié pour les bums.

"Je me suis rendu compte que les hommes avaient l’impression que cet album-là [Pitié pour les femmes] s’adressait aux femmes. Ils ne se sentaient pas concernés. Alors que dans mon show, je tape autant sur les hommes que les femmes, je tape sur nous et sur tous nos petits travers, explique-t-il, justifiant le titre de son plus récent album. Et un bum, dans le fond, c’est quelqu’un qui est trop sensible, qui a été blessé à plusieurs reprises et qui a mal "repatché" ou qui a "repatché" tout croche. Comme beaucoup d’entre nous, homme ou femme."

Ceux qui le connaissent le savent: Jamil ne passe jamais par quatre chemins. Hédoniste cinglant et sans ménagement, Jamil se défend par contre d’être vulgaire ou macho. "On ne peut pas me dire vulgaire. Les gens vulgaires, je ne les aime pas. Je sais que j’ai un propos qui est mec. Pas macho. Si mon propos était macho, ça ferait longtemps que les femmes m’auraient envoyé chier, s’exclame-t-il en riant. Pourtant, c’est le contraire."

Ses propos, Jamil les endosse au nom de la vérité. "Ce que j’aime dire, ce sont les petites vérités qui ne se disent pas. Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas." En bon épicurien, il compare son langage à celui qu’on utilise lors d’un souper entre amis. "Mes chansons, c’est ma cuisine élargie. Il n’y a rien de plus beau que des moments autour d’une table à manger, à discuter et à s’engueuler pour des idées. C’est les plus beaux moments de vie en communauté et c’est là qu’on grandit. C’est ça qu’on reproduit comme ambiance en spectacle."

Son nouveau spectacle, Pitié pour les femmes – deuxième édition, se veut bonifié par un rajout de tendresse et de musicalité. "Faut passer un bon moment. On se fait assez chier comme ça dans la vie. Pour nous sur scène comme pour ceux dans la salle, on se dit: "Regarde, pour les deux prochaines heures, on oublie."" Et ça fait un grand bien.

Le 17 novembre à 20 h
À la Salle Jean-Despréz
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Jamil
Pitié pour les bums

(Disques Leïla)