Jean-François Groulx : Destinations multiples
Pour Jean-François Groulx, la musique semble un immense terrain de jeu, une zone d’exploration sans fin. À la fois pianiste, guitariste et percussionniste, le passionné saute dans tout ce qui lui plaît. Tantôt il travaille aux côtés d’artistes pop de la scène québécoise, tantôt il retrouve la chaleur de son propre répertoire, des mélodies jazz aux parfums de Cuba, de l’Afrique et du Brésil. "J’ai toujours été extrêmement fasciné par les rythmes. Et ça m’a toujours intéressé de connaître les rythmes du monde, tout comme les cultures. La façon dont les gens jouent leur musique donne un indice de comment ils sont, explique-t-il. À part la question rythmique, ce sont des musiques qui laissent beaucoup de place pour l’improvisation."
En effet, il s’avère difficile de confiner le multi-instrumentiste à un univers rigide. Jean-François Groulx a besoin d’espace pour s’exprimer, pour laisser la musique exploser. Sélectionnant avec soin ses associations, il ne souffre pas cependant de son rôle d’accompagnateur. Il en tire même de beaux apprentissages. "Premièrement, je choisis toujours des collaborations qui me paraissent créatives, c’est-à-dire où il y a beaucoup d’espace et de liberté. De travailler avec Louise Forestier, Edgar Bori et plusieurs autres allait déjà un peu avec ce que j’aimais faire. Quand je faisais ces choses-là, ça devenait une extension du jazz. Chacun de ces domaines apporte à l’autre. Maintenant, ce que la chanson apporte au jazz? C’est peut-être de comprendre que, quand il y a un chanteur en avant, c’est de le soutenir qui est le plus important. Alors, lorsque tu fais du jazz et que quelqu’un fait un solo, tu vas le soutenir au lieu de passer par-dessus. La chanson m’a appris à prendre ma place. Tu n’es pas le front. Tu as un chanteur en avant, pis tu te dis que tu vas faire de ton mieux pour l’appuyer. En fin de compte, c’est beaucoup plus l’fun que si tout le monde faisait sa propre affaire et n’écoutait pas l’autre."
Virtuose, Jean-François Groulx impressionne par son don de jouer de plusieurs instruments à la fois. Et lorsqu’on constate l’aisance avec laquelle il s’exécute, on ne peut que se questionner sur sa méthode. "Pour moi, c’est rendu la même chose que de marcher dans la maison en prenant une gorgée de thé. C’est à ce point-là. C’est qu’à un moment donné, on ne se pose même plus de questions. On appelle ça l’indépendance, dit celui qui adore les percussions. Moi, comment j’ai réussi à faire ça? J’ai décidé que je jouais d’un instrument à la fois. Je m’habitue tellement que je l’oublie. Je n’y pense plus. Je ne vois même plus son rapport avec les autres instruments. Il est indépendant. Là, je décolle avec quelque chose d’autre. Autrement dit, je ne fais pas une addition de tout. Chaque chose est rendue naturelle."
C’est sans doute avec la même aisance qu’il montera en quartet sur la scène du Théâtre Belcourt. Accompagné de Normand Lachapelle (basse), André Martin (percussions) et Jim Hillman (batterie), il interprétera essentiellement les pièces de son dernier album, Destinations 2, bien qu’il bosse sur un nouvel opus. "Là, le concept est vraiment Destination. C’est vraiment axé sur le mélange des musiques du monde et du jazz. Cette tournée va se poursuivre jusqu’au printemps. Le nouvel album, qui s’appelle Passage, c’est autre chose. Je ne veux pas mélanger les concepts."
Le 12 novembre à 20 h
Au Théâtre Belcourt
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