Loco Locass et le Consort contemporain de Québec : Savant rap
Les Loco Locass et le Consort contemporain de Québec provoquent une rencontre musicale au confluent de deux genres que les préjugés veulent aux antipodes.
Après l’idyllique incursion dans l’univers de Pierre Lapointe, le Consort contemporain de Québec monte encore la barre et tente l’improbable mariage des musiques savantes et du rap en s’attaquant au hip-hop vindicatif des Loco Locass.
Improbable, l’union, d’autant que la musique, dans le rap, tient trop souvent lieu de support rythmique au texte, pulsant avec insistance pour conférer une puissance toute balistique aux mots, quitte à s’effacer derrière eux. "Mais la musique des Loco n’a pas cette redondance qu’on retrouve dans le hip-hop, commence d’exposer Nicolas Jodoin, directeur artistique et musical du Consort. Ce n’est pas qu’une série de boucles. Il y a une construction savante qui porte le discours narratif; il y a un cheminement qui se fait aussi musicalement."
"Et nous, on n’a jamais accepté cette vision-là [voulant que la musique ne soit qu’un simple véhicule]; la musique a autant d’importance que les textes, depuis le départ, et c’est peut-être pour ça justement qu’elle n’est pas redondante", renchérit Batlam, relayé par le créateur musical du groupe, Chaffik: "On fait bien la musique pour bien faire paraître les textes, et c’est ça qui est long, qui demande du temps, de s’arranger pour que chaque mot s’enlace parfaitement avec la musique, que les moments forts ressortent. Le rap, je trouve que c’est comme la chanson à texte. Prends Brassens par exemple, les gens qui ne connaissent pas la musique croient que c’est très simple, que c’est de la chansonnette, mais quand tu analyses ça, tu te rends compte de tout le travail qui a été mis pour faire ressortir le texte dans la mélodie et dans le choix des accords."
"Mais en spectacle, tout ça change, et c’est le côté énergétique qui prend le dessus", précise-t-il.
Aussi, on ne peut que s’interroger sur la capacité du Consort à promouvoir cette puissance rythmique qui fait de chaque concert des Loco Locass une célébration du beat où la fièvre du tempo s’avère plus contagieuse qu’une souche commune de la grippe aviaire. Une appréhension vite écartée par Jodoin qui, confiant, affirme que "le rythme ne constitue pas la plus grande difficulté d’adaptation pour nous, parce qu’on peut décomposer tout ça en gardant les temps forts, mais en ajoutant de nouveaux éléments rythmiques. Ce qui est le plus difficile, c’est de "puncher" un texte avec 13 personnes en même temps sans que ça sonne pompier, sans que ce soit trop gros, et d’apporter au contraire un peu de subtilité".
"Formellement, ce qui ressort de ça, espère-t-il, c’est une espèce de nouvelle musique de chambre parlée, avec un certain flow. C’est un texte qui accompagne la musique et une musique qui accompagne le texte. Ça apporte à la fois une autre sphère d’écoute à la musique des Loco Locass, mais aussi une autre sphère d’écoute à la musique contemporaine."
Le 12 novembre à 20 h
Au Théâtre Petit Champlain
Dans le cadre du Coup de cœur francophone
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