Robin Wheeler : Maître chanteur
Musique

Robin Wheeler : Maître chanteur

Robin Wheeler dirige l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal, qui s’apprête à présenter sa troisième création, produite par une équipe impressionnante.

Directeur de l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal depuis 1999, Robin Wheeler est sûrement l’une des raisons pour lesquelles les productions du groupe sont largement acclamées. Issu du département d’opéra de l’Université de Toronto, il a été directeur musical d’Opera Anonymous et demeure un accompagnateur et un répétiteur recherché. Le voici embarqué, avec l’Atelier, dans un projet de création qui comporte certes des risques, comme toute création, mais qui semble stimuler grandement l’équipe de production.

C’est toute une équipe que celle qui travaille à la production de l’opéra Prochain Départ, du compositeur Simon Bertrand, sur un livret de Stanley Péan: la musique sera interprétée par la vingtaine de musiciens de l’Atelier de musique contemporaine de l’Université, sous la direction de Lorraine Vaillancourt, et la mise en scène est d’Alice Ronfard. Si l’on y donne à l’occasion des opéras contemporains, l’Atelier ne fait pas de la création une spécialité (Kopernicus, de Claude Vivier, en 1980; Exercices de style, de José Evangelista sur des textes de Raymond Queneau, en 2003) et on le comprend, parce que c’est une tout autre aventure que de monter une œuvre dont on peut écouter l’enregistrement à la maison. "Mais quand on fait ça, explique Robin Wheeler, on risque aussi de reproduire les erreurs entendues! J’aime beaucoup le mot "création", c’est mieux que premiere, comme on dit en anglais; on sent mieux l’investissement de chacun dans "création". C’est très excitant pour les chanteurs de créer un rôle. C’est toute une expérience pour moi aussi que de pouvoir travailler avec le compositeur, lui demander ce qu’il veut dire dans tel passage, etc. Simon est également très ouvert à nos suggestions; ça reste entièrement son travail, bien sûr, mais il tient compte de nos remarques."

Simon Bertrand, dont Prochain Départ constitue la partie audible du doctorat en composition, avait déjà en poche depuis quelques années ce projet d’opéra avec Stanley Péan. "Il en a parlé à Lorraine Vaillancourt il y a deux ans, je crois, explique Robin Wheeler, et il l’a proposé à Rosemarie Landry (responsable du secteur "chant") en novembre dernier. Il avait un texte très intéressant, c’était pour sept chanteurs; et ça durait une heure, ce n’était pas trop long, parfait pour nous! Parce que nous n’avons pas trop de temps pour répéter, les étudiants sont pris par plusieurs choses en même temps. Et puis, c’est un peu un laboratoire, il y a souvent des changements. Et j’adore travailler avec l’excellente Alice Ronfard, qui a déjà fait trois projets avec nous; elle est très pédagogue et les étudiants en profitent beaucoup. La personne qui fait la mise en scène est très importante dans le cadre de la formation d’un chanteur. On fait souvent le reproche à l’opéra de ne pas être "crédible", mais pour quelqu’un comme Alice, c’est essentiel: si elle n’y croit pas, elle le fait savoir."

Chose assez étonnante dans le cadre d’un opéra contemporain, l’un des rôles principaux est tenu par un haute-contre. "C’est très spécial en effet, d’autant plus que l’on ne savait pas qui seraient nos chanteurs avant les auditions, que nous avons faites… en septembre! Comme on ne pouvait pas le savoir avant, Simon a dû prévoir que le rôle puisse éventuellement être tenu par un ténor, mais nous avons finalement eu ce qu’il souhaitait." La distribution est composée de Daniel Cabena (haute-contre), Mireille Lebel (mezzo-soprano), Andréanne Brisson-Paquin et Marianne Lambert (sopranos), Isabeau Proulx-Lemire (ténor), Vincent Ranallo et Mark Wells (barytons).

Le compositeur et le librettiste parlent de l’opéra comme d’un "huis clos métaphysique", les deux personnages principaux étant en quelque sorte prisonniers au cœur d’un aéroport, où viennent dialoguer avec eux différents personnages métaphoriques. Un Prochain Départ à ne pas manquer!

Les 18 et 19 novembre
À la Salle Claude-Champagne de l’Université de Montréal
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