Samantha Fox : Dans la suite avec Samantha
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Samantha Fox : Dans la suite avec Samantha

Non, Samantha Fox n’est pas disparue avec le règne de la cassette. Tête-à-tête avec la plantureuse icône pop que les garçons connaissent comme une cousine pour l’avoir regardée dans les yeux durant leurs années d’adolescence.

Elle avait accompagné les moments de solitude de tous les gars qu’on connaît pendant l’entière décennie 80, régné en Vénus populaire, icône épanouie et sexuée, sur les murs des chambres d’adolescents ("Vous devez me détester!", dira-t-elle) et dans les magasins de posters, vers la fin du présentoir, après les images d’animaux de la jungle et autres affiches de Def Leppard ou New Kids on the Block. "Je suis passée de la chambre des garçons jusqu’au garage. Il fait froid dans le garage, je veux rentrer, retourner dans la chambre ou trouver une place au salon."

On avait presque oublié Samantha Fox. À vrai dire, on croyait qu’elle s’était évanouie avec le règne de la cassette, vaincue par l’air du temps. "Pendant toutes ces années où vous entendiez moins parler de moi, j’étais en tournée un peu partout à travers le monde, dans la nouvelle Russie, en Inde, en Amérique du Sud, en Chine et même en Sibérie."

Quelque sept ans après la parution d’un album plutôt raté (21st Century Fox), quasiment 20 ans depuis Touch Me, celle-ci se ramène avec une nouvelle galette très pop eighties, Angel with An Attitude, qui plaira sans doute à ses fans déjà nombreux sans en convaincre de nouveaux. "Il y a six ans, on m’a demandé d’écrire ma biographie. Rapidement je me suis mise à m’ennuyer, car il fallait encore parler de moi et de ma vie, comme toujours… Durant cet exercice, je me suis aperçue que je venais de traverser un chapitre important dans ma vie. Et ces moments-là, souvent, donnent de bonnes chansons. Je me suis alors mise à l’écriture de chansons. Avant, on les écrivait pour moi, alors, ça fait une différence. C’est l’album qui se rapproche le plus de qui je suis vraiment."

Vive d’esprit, charismatique, haute comme trois pommes (un peu plus de cinq pieds), rigolote et allumée, Samantha Fox, dans sa suite, ne prend pas place sur le fauteuil de velours violet qui lui était destiné, mais s’assied plutôt à côté de la journaliste, sur le divan et, comme seul "caprice" de star, exigera que ses gens lui allument une clope. Mais ce qui surprend le plus, c’est cette impression qui nous était venue à l’écoute du nouveau disque: on dirait que l’Anglaise plantureuse fut congelée pendant 15 ans et qu’on vient de la sortir des glacières. Outre les effets de voix façon bons gros hits de l’époque, il y a ce look qu’elle affiche: espadrilles blancs, jeans, un chandail bariolé (épaulettes en moins, tout de même), bandeau de mousse rouge surmonté d’une étoile autour du poignet et la chevelure, crêpée au spray net, même coiffure qu’à l’époque où elle était également connue comme pin up, bref ce côté funky criard lié à l’esthétique eighties. "Dans ce temps-là, mon père ne me laissait pas lire tout ce qui s’écrivait sur moi… J’étais plutôt naïve, vous savez. J’ai habité chez mes parents jusqu’à l’âge de 21 ans." Aujourd’hui, Samantha est assise à quelques centimètres de nous et au grand soleil du jour, on voit bien que les années passées ne l’ont pas rendue vilaine, loin de là. À l’aube de ses 40 ans – un chiffre qu’elle exècre -, Samantha est resplendissante.

Difficile de défendre ce statut de sex-symbol avec les années qui ont défilé? "Un vrai cauchemar! (rires) Mais je n’irais pas non plus jusqu’à dire que je me sens prisonnière de mon image, même si parfois je rêve de me raser le crâne et de ne plus jamais porter de maquillage de ma vie. Bien sûr, on vieillit et ça complique les choses. Mais je me sens comme à 24 ans, mentalement et physiquement. Je commence à penser qu’on a l’âge qu’on croit avoir. Aujourd’hui j’ai 10 ans et l’an prochain j’en aurai 11!"

Pour bien des filles qui abordent aujourd’hui la trentaine, les Samantha, Cyndi Lauper et Madonna auront joué un rôle marquant dans l’apprentissage de la féminité. L’une célébrait les joies de la virginité (Madonna: Like A Virgin), les autres chantaient celles du plaisir (Cyndi Lauper: Girls Just Want to Have Fun, Samantha Fox: I Wanna Have Some Fun, Touch Me). Devenir femme apparaissait soudainement comme quelque chose de fantastique aux yeux des pré-adolescentes à qui l’on n’avait jusque-là qu’enseigné les inconvénients liés à ladite métamorphose. "On ne m’a jamais forcée à chanter Touch Me. Les chansons étaient écrites pour moi et me collaient à la peau. J’étais à l’aise avec ça. Et puis c’était une sorte de revirement, les femmes qui, tout à coup, exigent d’abord et avant tout qu’on les touche. Je pars en tournée en 2006 et je n’ai aucun problème avec l’idée de reprendre cette chanson de même que tous mes autres hits. Mais maintenant je suis plus mature et ça devient important pour moi de d’écrire des trucs qui donnent aux gens l’impression d’avoir le contrôle sur leur vie."

Samantha Fox
Angel with an attitude
La Chapelle Records/Sélect