André Laplante : En toute intégrité
Le pianiste André Laplante, en compagnie du Quatuor Arthur Leblanc, allie Mozart à Chostakovitch. Anniversaires conjugués pour les 50 ans des Concerts Couperin.
C’est la saison des anniversaires. De Wolfgang Amadeus Mozart à Dmitri Chostakovitch, dont le 30e anniversaire de la mort est prétexte à une programmation fertile de ses œuvres, orchestres et ensembles y trouvent l’occasion d’exprimer leurs passions respectives. Et pas à moitié. C’est du moins le cas du Quatuor Arthur Leblanc auquel se joint le pianiste André Laplante. Au programme: une transcription pour quintette du concerto pour piano n° 12, K. 414, de Mozart et le quintette pour piano en la mineur, op. 57, de Chostakovitch. "C’était l’occasion parfaite pour aborder les deux compositeurs, confirme André Laplante. Ce sont deux œuvres de styles différents, c’est certain, mais le quintette de Chostakovitch possède quand même un côté classique. Et que de personnages dans cette œuvre!" En effet, le quintette du compositeur russe, associé toute sa vie au régime soviétique, est d’une richesse inouïe et empreint d’un humour singulier. Un humour caustique non pas étranger à la réalité précaire du compositeur, témoin d’une réalité politique où la peur était la seule réaction permise. C’est le pianiste d’origine ukrainienne et contemporain de Chostakovitch, Heinrich Neuhaus, qui disait que cette œuvre reflète le principe suivant: "Je suis le monde et le monde est en moi." "Le sarcasme est omniprésent dans ce quintette, précise André Laplante. Le thème de la Grande Marche dans le finale en est un exemple flagrant. Une forme de réaction à un système."
Le système en moins, André Laplante cultive toujours cette passion pour la Russie à travers sa musique et ses grands interprètes, qui furent les idoles de sa jeunesse. "Vers la fin des années 60, se rappelle le pianiste, mon rêve était d’aller au Conservatoire de Moscou, à l’âge d’or de l’école russe. Mais bon… Ce fut Paris et ensuite la Julliard. Les pianistes Emil Gilels et Sviatoslav Richter… J’ai grandi avec ces pianistes." Lauréat du concours Tchaïkovski à Moscou, autant dire que c’est un rêve presque accompli. Un rêve maintenant intégré à part entière dans une démarche esthétique rigoureuse. Trop souvent associé au grand répertoire romantique, tel que Liszt et Rachmaninov, "parce qu’il a les pattes", selon ses propres dires, André Laplante s’applique à devenir interprète à part entière, sans étiquette aucune. "Avoir une grande technique, au sens large, c’est fondamental, explique André Laplante. Cela prend des années pour obtenir un résultat concluant, mais c’est une évolution vitale. On peut facilement se conformer à une étiquette, se laisser ensevelir aussi par elle. Il suffit de savoir ce que l’on veut. C’est notre propre décision. Atteindre une flexibilité qui puisse me permettre d’aborder plusieurs styles, les travailler avec d’autres interprètes qui ont des opinions fortes en la matière, c’est important pour moi." Une flexibilité qui se confirme en concert, où l’on peut entendre le pianiste dans un répertoire unissant le classique au postromantique, avec un geste naturel propre au puriste.
Le 20 novembre à 16 h, avec le Quatuor Arthur Leblanc
Au Musée national des beaux-arts du Québec
Dans le cadre des Concerts Couperin
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