Front 242 : Faire front
Front 242, pionnier du rock industriel, revient faire son tour par chez nous après un passage remarqué en mai dernier. Entrevue avec le programmeur et claviériste Patrick Codenys.
Est-ce difficile de créer de nouveaux sons aujourd’hui?
"En fait, ce n’est pas difficile de générer des sons parce que la technologie le permet. Ce qui est difficile, c’est d’en inventer de nouveaux, car les programmes ne le permettent pas. J’ai eu la chance de commencer à faire de la musique sans a priori, en me disant que tout était possible, que tout était maîtrisable. C’est une façon de penser orientée vers la recherche. Ça existe, par exemple, dans le cinéma. Beaucoup de gens continuent d’évoluer sans se laisser piéger par le côté séduisant du software.
Comment fait-on pour faire passer une émotion à travers une musique synthétique?
"Il ne faut pas avoir peur des accidents, ni de la maladresse. Plusieurs morceaux de Front 242 sont maladroits et imparfaits. Il ne faut pas avoir peur de les montrer, car la nature humaine est imparfaite, et c’est aussi une manière de communiquer. Je dirais que les membres du groupe sont sensibles à plusieurs disciplines artistiques. On a commencé à faire de la musique en se basant sur un rapport au cinéma et à l’architecture, plutôt qu’au rock. Même si l’interface de la machine est très carrée, je crois que l’émotion, voire l’impossibilité de la transmettre complètement, a un charme qui peut être traduit."
Quand Pulse est paru en 2003, dix années s’était écoulées depuis 05 :22 :09 :12 Off, et plusieurs nouveaux groupes étaient nés entre-temps. Aviez-vous peur de décevoir?
"Il y a énormément de concurrence et c’est extrêmement difficile d’être encore innovateur. Même si on l’était, les gens passeraient peut-être quand même à côté de groupes hyper-importants parce qu’il y a une sorte de saturation. C’est pourquoi Pulse a une attitude fort différente. On s’est rendu compte, vers les années 1994-95, qu’on se perdait un peu dans cette compétition. On est donc retourné aux sources, aux raisons premières pour lesquelles on avait commencé à faire de la musique."
Front 242 est considéré comme un pionnier du rock industriel. Est-ce encore possible de vous influencer?
"Oui. C’est important d’être à l’écoute de la jeunesse et des artistes qui font leurs premiers pas dans le genre. Et, plus largement, je crois qu’il est important de toujours garder en soi cette envie de découvrir et un regard enfantin – naïf ou innocent – sur les choses. Dans le genre de musique qu’on fait, il n’y a pas de règles, alors c’est encore possible d’aller loin."
Vous avez attendu 10 ans avant de lancer Pulse. Les fans peuvent-ils espérer du nouveau matériel plus rapidement?
"Je n’en sais rien, car le temps n’est pas un facteur important. On lancera un nouveau disque lorsqu’on aura assez de nouveau matériel."
Vous avez donné un concert à Montréal le printemps dernier. Votre prochain spectacle sera-t-il différent?
"Oui. Le spectacle qu’on présente cette fois-ci est un peu plus rétrospectif. Pour retravailler notre matériel et retourner aux sources, on est revenu à un son analogique. On a aussi fait un gros travail sur le plan des vidéos. On s’éloigne donc de ce qu’on peut voir sur le DVD Catch the Men."
Le 19 novembre
Avec Grayarea et Ayria
Au Club Soda
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