John Cale : Romance funk
Musique

John Cale : Romance funk

John Cale continue de peaufiner une œuvre éclectique à l’avant-garde du rock. Qu’il s’agisse de minimalisme, d’électronique, de rock ou de funk, ces langages sont toujours chez lui au service de riches mélodies.

Dès le début des années 60, John Cale, cofondateur du mythique et très influent Velvet Underground, s’intéressait à la musique minimaliste de LaMonte Young. Trente ans plus tard, cette influence est toujours présente dans Fragments of a Rainy Season (1992), une collection de chansons qui rappellent la qualité de mélodiste de Cale, sa capacité d’écrire des airs qui vous restent dans la tête.

En 2003, il arrive avec un petit chef-d’œuvre, HoboSapiens, qui l’amènera à développer le processus de création d’une façon nouvelle. Il évoque la figure de Magritte, qui était un homme de vision. Le passage de l’analogue au digital lui permettra de découvrir une multitude de sons: "Aujourd’hui, le catalogue d’échantillonnages est très vaste. J’utilise désormais le studio comme un instrument. Je mets du groove, puis une mélodie, puis la voix. Quand vous écrivez en studio, vous devez finir la chanson en studio."

Cale vient tout juste de faire paraître un deuxième album, blackAcetate, dont le son est beaucoup plus celui d’un rock contemporain énergique que ne l’était celui de HoboSapiens. Treize chansons dont l’inspiration se trouve chez Dre and Pharell, Erykah Badu, les White Stripes, Curtis Mayfield ou Jill Scot: "Je ne voulais pas autant de claviers que sur HoboSapiens. J’ai commencé avec des guitares électriques. L’idée de départ était d’improviser, d’y aller de façon très simple. J’ai essayé de développer dans une nouvelle direction".

Cale a donc fait appel à Herb Graham Jr (Macy Gray) et à Mickey Petralia (qui a travaillé avec Beck, Rage Against the Machine, les Dandy Warhols): "Mickey Petralia a fait le mixage de l’album. Il sait vous renvoyer ce que vous lui donnez dans une forme différente. Il est parvenu à trouver la balance parfaite pour la voix." Sur blackAcetate, l’intérêt grandissant de Cale pour le funk, le hip-hop et le groove urbain est manifeste.

blackAcetate, de John Cale, n’est pas dépourvu de grandes chansons romantiques: Gravel Drive (écrite pour sa fille, Eden), In a Flood, Wasteland, Satisfied. Comme il l’avait fait avec d’autres langages musicaux, le défi de Cale est de trouver un équilibre entre recherche – souvent plus cérébrale – et émotion, et ici, entre funk et chansons romantiques. Ce qui compte pour lui, c’est de préserver l’émotion.

Comme David Byrne et Caetano Veloso, John Cale est l’un des rares artistes qui, après une carrière s’échelonnant sur plusieurs décennies, explore des voix nouvelles, tente de nouvelles synthèses et demeure à l’avant-garde de la musique populaire.

Le 20 novembre avec Patrick Watson
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