Harry Manx : Blues à l’indienne
Harry Manx propose une fusion originale entre l’Occident et l’Orient, un bel amalgame de blues acoustique et de musique indienne. Sa voix et son jeu de guitare exaltent des sentiments de paix et de tranquillité.
Le guitariste et chanteur Harry Manx est originaire de l’île de Man en Angleterre. Son parcours l’a amené tour à tour au Canada, en Europe, au Japon et en Inde: "Je suis arrivé au Canada à l’âge de 7 ans. J’ai vécu en Ontario, au nord de Toronto. J’ai quitté l’école à 15 ans, cela me semblait une prison. Puis, j’ai commencé à jouer dans des clubs de blues dès 17 ans. Des musiciens comme Led Zeppelin, Buddy Guy et Junior Wells ont eu une grande influence sur moi. Je jouais des pièces de Muddy Waters, Willie Dixon, des chansons comme Baby, Please Don’t Go. Puis, à 19 ans, je jouais dans les rues de Paris. Par la suite, j’ai vécu une dizaine d’années au Japon et, vers la fin des années 80, je suis tombé amoureux des disques d’un grand musicien indien, Vishna Mohan Bhatt. Je me suis rendu chez lui et nous sommes devenus amis. Je l’ai accompagné au tamboura en tournée."
Vishna Mohan Bhatt a exercé une influence déterminante sur la démarche de Harry Manx, sur cette fusion culturelle entre l’Ouest et l’Est qu’on trouve dans sa musique. Déjà maître de la slide guitar, le musicien indien a inventé la mohan veena, instrument à 20 cordes, sorte d’hybride entre la guitare et le sitar, pour interpréter les ragas. Un disque témoigne de la rencontre entre Bhatt et un illustre guitariste américain, Ry Cooder, en 1994: A Meeting by the River. "La fusion, c’est venu naturellement. Le lien entre le blues et la musique indienne était très fort dans les années 70. D’origine africaine, le blues est une merveilleuse façon de partager. Dans la musique indienne, il y a des ragas pour chaque moment de la journée, les ragas du matin, les ragas du soir. La musique indienne parle des gens, de leur quotidien. Plus vous approfondissez cette musique, plus vous découvrez que chaque raga a son émotion propre."
Après quatre albums, Harry Manx publie en 2004 West Eats Meet. Plus que jamais, le blues, le folk et la musique indienne se mélangent. L’instrumentation se diversifie: claviers, tablas indiens, back vocals inspirés par le soul. Le chanteur vient de faire paraître Mantras for Madmen, dont le répertoire compte huit nouvelles chansons aux textures pop, deux reprises et deux ragas. Sur le plan de l’instrumentation s’ajoute une section rythmique: basse électrique et batterie. "J’essaie, pour chaque disque, qu’il y ait un lien. Cette fois-ci, je voulais un solide groove." La voix chaleureuse de Manx rappelle Chris Rea, Jackson Browne, Bruce Hornsby. De belles reprises de San Diego-Tijuana, de J.J. Cale, et d’It Makes No Difference, de Robbie Robertson, mais surtout de grandes chansons inspirées par une profonde spiritualité: "Je fais de la méditation depuis plus de 30 ans. Cela permet un certain degré de conscience. L’amour concerne autant un ami, un mentor qu’un partenaire de vie. Dans Don’t Take His Name Away, j’ai voulu exprimer de la compassion à l’endroit d’un homme qui a été faussement accusé d’un crime, qui a passé 20 ans de sa vie en prison, dont la vie a été détruite."
Harry Manx
Mantras for Madmen
Dog My Cat/Fusion III