Prototypes : Danse sur la crème
Musique

Prototypes : Danse sur la crème

Le trio Prototypes s’est fait connaître il y a deux ans avec Danse sur la merde, un brûlot qui écorchait l’industrie musicale. Le voici de retour avec une musique transformée.

"Si cette chanson n’avait pas existé, nous n’aurions jamais eu la chance de faire paraître un premier album et nous n’en serions pas là aujourd’hui", explique le guitariste François Marché au sujet de cette ravageuse ritournelle électro-rock. "Elle nous a carrément permis d’exister, mais ça aurait été une grave erreur de notre part de tenter de refaire une telle chanson pour notre nouvel album. Il fallait s’en dissocier et prouver que Prototypes n’est surtout pas un coup de marketing."

Paru ici il y a un peu plus d’une semaine, lancement prévu le 9 janvier en Europe, Mutants médiatiques montre un virage inattendu de la part de ce groupe dont le premier album (Tout le monde cherche quelque chose à faire) s’inscrivait dans la mouvance électro-clash qui faisait à l’époque fureur et enflammait les planchers de danse. La froideur robotique dont étaient au départ imprégnées les pièces fait désormais place à des ambiances chaleureuses; plus rock, blues et funky. On y note même une nouvelle inclinaison rétro très sixties qui rend l’œuvre encore plus sexy. Cet album a su s’écarter du précédent sans nécessairement le faire trop radicalement… On reconnaît le style et la personnalité: les textes, toujours un brin acerbes, sont clamés par la voix ingénue de la chanteuse à la fougue et au charme trashy Isabelle Le Doussal sur des mélodies entraînantes.

"Cette fois, on a mis plus de temps à la confection de l’album et on s’est davantage penchés sur le travail d’écriture que pour les morceaux du premier album. À l’époque, nous avions surtout composé à l’aide d’un échantillonneur", relate François Marché.

Puisque le groupe, complété par le bassiste Stéphane Bodin, a beaucoup tourné entre les deux albums et qu’il livrait ses spectacles avec de vrais instruments en utilisant moins de dispositifs technologiques que sur l’album, une nouvelle dynamique de composition s’est installée et les deux musiciens ont préconisé les guitares et la basse plutôt que les machines de toutes sortes. "C’est donc surtout la manière de composer et d’enregistrer qui a défini la différence majeure de son qu’on peut remarquer entre les deux œuvres. Et si le format est devenu plus "chanson", cela s’est produit de façon absolument inconsciente."

Relatant de petites histoires du quotidien avec justesse, les chansons, sous des dehors souvent candides, ne manquent pas de prendre position contre le lot de travers ou d’injustices que l’existence peut comporter, mineurs ou plus importants. Engagés Prototypes? "Pour nous, faire le la musique, c’est avant tout une façon de s’amuser, mais si on peut balancer deux trois petites critiques et opinions au passage, on est pas contre du tout et on en profite. On cherche à prendre du plaisir et à en donner au public sans être trop cyniques, sans se prendre au sérieux et sans être trop légers non plus."

Le 2 décembre
À la Galerie Rouje
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Mutants médiatiques
Prototypes
(Universal)