Tim Brady : Hommage à Bethune
Le compositeur montréalais Tim Brady rend hommage au docteur Bethune dans l’opéra Three Cities in the Life of Dr. Norman Bethune.
Né en Ontario en 1890, le docteur Norman Bethune est vu comme un héros au Canada. Après être devenu leader dans le traitement de la tuberculose, il est parti pour l’Espagne en 1936 afin d’y combattre le fascisme. Là-bas, il a mis sur pied un service médical militaire efficace avec des moyens limités. En 1938, il s’est rendu en Chine, toujours pour lutter contre le fascisme. Ses 19 mois de séjour lui ont permis de transformer radicalement le système médical chinois. Norman Bethune est décédé en 1939, des suites d’une infection du sang contractée durant une opération.
Fasciné par cette vie, le compositeur et guitariste Tim Brady caressait depuis longtemps l’idée de lui consacrer un opéra. Au début, il songeait à une grande fresque avec un orchestre complet et une dizaine de chanteurs. "Mais c’est pas gratuit!" constate-t-il. Comme l’homme était plus grand que nature, il a décidé de garder un seul personnage, le docteur Bethune lui-même, incarné par le baryton Michael Donovan.
L’œuvre se concentre sur les cinq dernières années de la vie de Bethune. "Ce qui est intéressant, c’est la transformation psychologique, presque spirituelle, de Norman Bethune, qui a commencé au début des années 30 et s’est achevée à la fin de sa vie en Chine." Brady a utilisé les propres mots de Bethune, puisés dans des lettres qu’il a écrites. Le reste du livret est composé de textes de poètes des années 30 venant des trois villes dont il est question dans l’opéra: Montréal, Madrid et Chin Cha’chi. Le compositeur a poussé ses recherches jusque dans les archives nationales à Ottawa, où il a pu consulter les versions originales des lettres de Bethune.
L’accompagnement musical est assuré par l’ensemble de musique contemporaine Bradyworks, fondé en 1989 par Tim Brady. Guitare, saxophone, percussions, piano, violons, alto et violoncelle constituent l’instrumentation de Three Cities… Le compositeur joue lui-même de la guitare électrique dans la pièce. La mise en scène dépouillée de Darlene Spencer fait place à un décor en toute simplicité: quelques boîtes, quelques chaises et une dactylo. Des changements de costumes viennent démarquer les trois villes et des projections vidéo appuient l’ensemble. Les spectateurs pourront voir des images de la guerre civile en Espagne, de la Chine des années 30 et même de Bethune. "On a des images de lui pendant qu’il tape à la dactylo et pendant qu’il fait des interventions chirurgicales en Chine. Honnêtement, la qualité de la pellicule est épouvantable, mais c’est tellement précieux. C’est vraiment spécial de voir ça!"
Le 26 novembre à 20 h
Au Théâtre Centennial
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