Urbain Desbois : Oiseau de ville
Musique

Urbain Desbois : Oiseau de ville

Urbain Desbois… Son sobriquet seul est un poétique paradoxe. Tel l’oiseau biscornu qui cherche désespérément de la verdure dans un champ de béton, sa poésie est rêche et douce à la fois, traduisant le possible comme l’impossible. Entretien.

Déjà surprise d’apprendre que la Compagnie Larivée Cabot Champagne n’assure plus ses relations de presse, et après qu’il m’eut fait faux bond avec un premier rendez-vous, je joins finalement Urbain Desbois, alias Luc Bonin, au téléphone. Après maintes excuses sincères – il est allé aider sa "blonde" dans des œuvres communautaires, comment lui en vouloir? -, Desbois surprend par sa sincérité.

Mais c’est qu’il y a eu des changements dernièrement dans la vie de l’artiste à la jeune trentaine! Il est présentement à l’écriture d’un nouvel album qui devrait être en pré-production cet hiver, un quatrième qui ne sera pas endossé par la maison qui avait signé ses trois précédents, les Disques La Tribu. Du long laïus qu’il a fait pour expliquer ce changement de cap, voici l’essentiel: "On a fait le tour, je pense, de ce qu’on attendait l’un de l’autre. J’ai été le cinquième artiste à joindre la compagnie, après Fred Fortin, WD-40, Les Chiens et Michel Faubert, et maintenant, ils ont un catalogue d’environ 30 artistes dont ils s’occupent à différents niveaux. C’est normal, ils n’étaient pas là juste pour mes beaux yeux, je pense que dans leur réorganisation de la direction artistique, j’étais plus vraiment un élément important pour eux."

Qu’à cela ne tienne, Urbain s’est relevé les manches et une compagnie lui a déjà proposé un contrat, qui devrait être signé "incessamment", assure-t-il. En attendant, il fait des "laboratoires exploratoires", tel qu’il les qualifie, qui consistent en des expériences farfelues et pourtant très sérieuses avec la "zizique". "J’écris en même temps que je compose de la musique, en faisant les maquettes. Donc, je me fais des espèces de grooves que j’enregistre dans mon mini-studio à la maison. C’est pas comme écrire une chanson avec une plume d’oie comme le cliché de l’écrivain, je suis assis et je taponne des sons", raconte le multi-instrumentiste qui jouait pour d’autres avant d’être Urbain Desbois. "Sans me fier sur ce que j’ai déjà écrit, il y a un mot qui me vient à l’esprit pour cet album, et c’est la furie. Comme dans fou furieux. J’ai vraiment envie de quelque chose qui fesse. J’ai envie de quelque chose d’énervé, d’énergique. […] Sur mes autres albums, il y a beaucoup de chansons douces, mais en spectacle, il y a des versions qui "rockent", qui "garnottent". Alors, je suis "mindé" là-dessus. Faut que ça cogne!"

Tout au long de l’entrevue, le sujet de son dernier disque, Entomologie, revenait tel un monstre dans le placard. Visiblement, ce dernier album qu’Urbain affectionne beaucoup n’a pas rencontré le public auquel on s’attendait. "C’est d’ailleurs un reproche que je me fais et que je fais aussi à La Tribu… J’ai écrit des belles chansons, mais j’aurais peut-être dû me lever plus de bonne heure pour faire une stratégie pour la préparation et le soutien de cet album-là", assure-t-il.

Le charmant poète travaille donc présentement à des textes moins structurés, les vers étant libres comme dans son premier album. "J’ai davantage envie d’hurler des chansons que de les chanter. Je hurle pas très bien, mais mettons que je m’enligne plus vers ça. C’est pas revendicateur avec un plan de match, je ne suis pas vraiment dans le rationnel. (…) J’habite en ville et je vois des choses tellement terribles arriver en face de chez nous ou dans le journal. Des fois, je dis: "Sacrement, ça a pas de bon sang, qu’est-ce qui se passe?" Je suis plus avec ce ton-là mettons, sans le "Sacrement". (rires) Bref, je suis plus dans l’exclamatif que dans le déclamatif. Hurler, comme pour m’exclamer finalement. Je m’exclame, c’est merveilleux, ça me fait du bien", conclut l’oiseau migrateur qui s’apprête à rentrer au bercail avec ses nouvelles mélodies.

Le 26 novembre
Au Petit Chicago
Voir calendrier Rock/Pop