Yann Perreau : Bombe à retardement
Musique

Yann Perreau : Bombe à retardement

Yann Perreau s’apprête à attaquer la salle Jean-Despréz, sept mois après la sortie de l’éclaté Nucléaire, bombe de douceur et de groove. Un spectacle qui s’annonce chaud et baveux.

À Montréal en septembre dernier, Yann Perreau montrait ses fesses sur les affiches publicitaires de son nouveau spectacle. Il posait de dos, en jean moulant, l’air un peu arrogant. Le jeune homme se défend bien d’avoir voulu jouer le jeu de la séduction: "Je pensais à Bruce Springsteen, je lisais beaucoup sur lui, et il y a une photo sur un de ses disques (Born in the USA), c’est un clin d’œil, carrément une niaiserie, avec l’aspect cow-boy, annonce de jeans… Tout le monde m’a parlé de cette affiche, mais personne ne m’a dit: "Ouin, tu te montres le cul…" Mais c’est un peu ça le but, quand tu fais une campagne d’affichage, tu veux que ça "punche". Je te jure qu’il n’y avait rien de prémédité, mais je l’assume. Le sexe, ça va avec le rock."

Tout ça dessine les contours du personnage Yann Perreau: franc, direct, baveux. Honnête et précis comme son écriture, dans une langue québécoise revendiquée: "J’écris depuis que je suis ben jeune; à la petite école, je faisais des poèmes. Au secondaire, plus rigoureusement, c’était Rimbaud, Baudelaire, Nelligan, des poètes romantiques. Quand j’ai commencé à faire du rock, c’était Kerouac, Jagger, Morrison. Au Québec, Richard Desjardins: c’est lui qui m’a donné le goût de faire des shows et d’en faire une carrière. C’est lui qui a allumé ce désir-là, car au début, je voyais ça comme inaccessible: je viens de la campagne, personne ne fait vraiment de l’art dans mon entourage proche. J’ai ouvert mon chemin moi-même, avec mes chums, avec Doc et les Chirurgiens."

À l’époque, Yann s’appelait encore Perreault, deux lettres qu’il enlèvera pour faire carrière en solo: "Avec Doc et les Chirurgiens, j’avais fait Cégep Rock et L’Empire des Futures Stars, mais quand j’ai commencé mon projet solo, ça ne me tentait pas de faire des concours. Je me suis essayé par la porte d’en arrière. Je suis content parce que ça s’est bien passé, et en même temps je ne suis pas resté avec le mot "concours" ou "festival" étampé dans la face."

Il y a une quête de pureté chez le chanteur qui peut s’apparenter à une forme d’arrogance, une autosatisfaction essentielle si on veut bien monter les échelons dans ce métier hargneux et vindicatif: "Je fonctionne bien sous la pression, je suis un batailleur." Il a la formule-choc, l’auto-analyse aiguisée. Yann Perreau donne l’impression d’un artiste bien conscient de l’impact qu’il souhaite créer. Il ne laisse rien au hasard, son discours est intelligible et réfléchi: "Mes parents avaient un bar, alors j’ai toujours côtoyé un milieu où il y avait des bands, des D.J., des chansons, et toujours de l’alcool. J’ai besoin de faire du sport, ça aide à canaliser mes énergies, à me "grounder", à me concentrer. Mais partir sur une balloune libère ma folie."

De Western Romance, sorti en 2002, jusqu’au tout nouveau Nucléaire, on remarque un groove, une patte bien personnelle qui se dégagent de ses albums. "Je fais tout le temps ça: on fait une pré-prod, et après on ré-enregistre tout et on garde le meilleur, et on fait un hybride ou un mutant. J’aime ça quand il y a l’ambiance, l’esprit. Après, c’est sûr que la qualité du son est moins bonne, mais ça va avec, on sent l’énergie, l’idée de départ, l’essence de ce que l’artiste a à communiquer. Je n’aime pas quand c’est trop léché."

Et nous, on apprécie chez Perreau cette intransigeance, cette quête de la chanson salement parfaite qui ferait danser et chanter les cow-boys du Québec et d’Europe, road trip fantasmagorique.

Le 1er décembre à 20 h
À la salle Jean-Despréz
de la Maison du citoyen