Eden106 : Rock onirique
Eden106 largue ses musiques inclassables qu’on croirait empruntées à un rêve. Magnétique en concert, le groupe est de retour après un passage remarqué au Coup de cœur francophone.
Le groupe Eden106 s’inscrit dans une lignée d’ensembles composés de musiciens qui font d’abord de la musique pour leur propre plaisir et pour entendre ce que personne ne peut leur offrir (par opposition à la tradition bien ancrée du I Want to Pogne). Une musique qui ne se laisse pas aisément réduire à un simple mot descriptif sélectionné dans la liste des styles habituels. Le fondateur et claviériste (ou "machiniste") du groupe, Guy Pelletier, n’aime pas beaucoup, de toute façon, les étiquettes: "On travaille fort, depuis six ans, à maintenir un équilibre entre musiques pop et actuelle; on se donne la liberté de faire ce que l’on veut, de choisir ce que l’on accepte de faire. On essaie de construire un langage différent, quelque chose qui nous appartienne." Pour ce faire, Pelletier a fait appel à des musiciens aux influences et aux intérêts diversifiés: le contrebassiste Mathieu Deschenaux fait aussi dans le jazz contemporain chez Bobok et dans la musique tzigane avec Gadji-Gadjo; le guitariste Simon Duchesne joue de la musique contemporaine avec Hexacorde et du rock avec Les Voisins d’en dessous, tandis que le batteur Jean-Philippe Savard est plutôt amateur de jazz standard. Beau melting-pot!
Si l’on définit souvent l’esthétique d’un groupe par la teneur des paroles de ses chansons, la tâche n’est pas beaucoup plus simple dans ce cas-ci, les textes qu’écrit la chanteuse Emmanuelle Orange étant empreints de surréalisme, quand elle ne chante pas carrément dans un langage inventé… "Pour moi, la musique du groupe est très imagée et ce que j’écris, instinctivement, est aussi très imagé, alors ça colle parfaitement. Et j’ai la liberté d’y chanter comme ça me vient, en français ou en anglais, ou même en mandarin depuis que je l’ai appris. Les textes sont directement influencés par les rêves que je fais et dont je me souviens dans les moindres détails. Comme les musiques sont travaillées en partant des textes, ça se traduit quelques fois par des zappings assez rapides entre les styles." Avec toutes ces images, on n’est pas surpris d’apprendre que ces deux-là se sont croisés dans le milieu du cinéma, et que celui-ci a aussi une place dans leurs spectacles, par l’intermédiaire des vidéos de François Blouin.
Fort d’un premier disque (Triple Entendres) lancé en mai dernier et après un passage au début de novembre au Coup de cœur francophone, le groupe se prépare à offrir un autre concert à la Maison de la culture Maisonneuve. Comme il l’a déjà fait auparavant, il invite pour ce concert la harpiste Caroline Lizotte, et on pourra entendre un arrangement de deux mouvements de son Concerto techno pour harpe et orchestre. "Caroline est quelqu’un qui correspond parfaitement à notre façon de penser, qui consiste finalement à garder l’esprit ouvert et à jouer pour le plaisir", explique Pelletier. À noter que le groupe donne véritablement sa pleine mesure en concert, dans une large mesure grâce à la présence magnétique de la chanteuse Emmanuelle Orange.
Le 9 décembre
À la Maison de la culture Maisonneuve
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