Gregory Charles : À l'ombre de l'Orford
Musique

Gregory Charles : À l’ombre de l’Orford

Gregory Charles effectuera bientôt un retour dans un endroit qui a marqué son adolescence: le Centre d’arts Orford, où il donnera deux spectacles-bénéfice le 10 décembre avec les Chœurs du Nouveau Monde.

SOUVENIRS, SOUVENIRS…

Gregory Charles connaît bien le Centre d’arts Orford pour y avoir passé des étés mémorables à faire de la musique et des coups pendables. Il se rappelle avoir organisé des spectacles, des marathons, des nuits de musique, rencontré des musiciens de partout dans le monde et surtout, découvert les filles! "Au primaire, j’allais dans une école de gars et au secondaire, j’étais dans une école où il y avait presque exclusivement des gars. Et là on commençait l’été avec, je ne sais pas, une violoniste du Manitoba ou bien d’Europe de l’Est. C’était beau!"

Il se souvient des musiciens qui fréquentaient l’Académie de musique du Centre d’arts Orford pendant qu’il s’y trouvait. Il y avait, dans les cuivres, de gros canons comme Alain Trudel, Alain Cazes, Jocelyn Veilleux… À l’époque, Gregory jouait du piano, du violon et de la clarinette à l’occasion.

Même s’il se levait à 6 h du matin pour répéter, Gregory considère qu’il n’était pas très sérieux par rapport aux autres étudiants. "La plupart allaient là pour avoir des masterclass avec des grands profs. Moi aussi, je faisais ça pour ça! Mais j’étais là aussi pour organiser le plus grand nombre de spectacles possible. J’aimais ça, faire des shows!" Gregory organisait aussi des randonnées en montagne, des jeux de nuit et le fameux concours de jambes: "On élisait Miss et Monsieur Jambes. Ça n’avait aucun rapport avec la musique!" rigole-t-il.

PROGRAMME-BÉNÉFICE

Pour les deux concerts-bénéfice du 10 décembre – la première représentation a lieu à 14 h et la seconde à 20 h -, Gregory a rassemblé des amis musiciens et les choristes les plus âgés des Chœurs du Nouveau Monde. Il dirige certains d’entre eux depuis déjà 20 ans.

En ce qui concerne le répertoire, Gregory nous révèle qu’il sera constitué de musique ayant un rapport avec la période des Fêtes. "On ne prendra pas les demandes spéciales – ça, c’est ce qu’on fait dans mon show Noir et Blanc! -, mais on n’a quand même pas de programme strict. Et puis c’est le fun pour nous parce que tout le monde est sur la pointe des pieds. On se demande: qu’est-ce qu’on va faire exactement?"

Gregory Charles ne s’en cache pas: il adore le chant choral. "Je trouve que ça répond à un instinct de base qu’on a tous, fait-il remarquer. On a tous envie de chanter, même les gens qui ne chantent pas bien."

À L’AVENIR

Le premier passage de Gregory au Centre d’arts Orford remonte à presque 25 ans. Aujourd’hui âgé de 37 ans, il promène avec succès son spectacle Noir et Blanc depuis trois ans et demi. À sa dernière visite à Sherbrooke, il a rempli le Palais des sports. L’année d’avant, il avait fait salle comble deux fois à Maurice-O’Bready.

Pour la prochaine année, il compte présenter son spectacle en Europe et aux États-Unis. Il se lance alors dans un survol analytique du genre de pièces qu’il se fait demander dans les différentes villes où il s’arrêté aux États-Unis. "Je vois d’après la ville que les demandes ne sont pas du tout les mêmes. À Atlanta, c’était plein de demandes soul à la Ray Charles et plein de demandes country. À Los Angeles, c’était très Top 40, très tounes connues. À Chicago, c’était très jazzy. New York, ça ressemblait beaucoup à Montréal. Washington, c’était un peu n’importe quoi. On s’y attend, car les gens viennent de partout dans le monde."

"Mais la meilleure place pour faire des demandes spéciales, ça reste au Québec, poursuit-il. Les gens ont de l’intérêt pour la musique: anglo-saxonne, francophone – québécoise ou française. On a toujours une couple de demandes classiques, de l’opéra… Il y a toujours un peu de tout." Il se lance alors dans une drolatique analyse des goûts musicaux des Québécois. Il souligne à quel point le folklore est à la mode avec Mes Aïeux, Les Cowboys Fringants, Mara Tremblay… Il compare la musique de Pierre Lapointe à celle de Bobby Lapointe et parle aussi des Trois Accords: "Saskatchewan, Oscar Thiffault aurait pu chanter ça!"

UN HOMME EN DEMANDE

Cette habitude d’interpréter des demandes spéciales lui vient des concerts de piano classique qu’il a continué à donner. En deuxième partie de ses prestations, il aime répondre aux demandes du public. "Je suis assez bon pour jouer n’importe quoi qu’on me demande. Si j’ai déjà entendu la toune, je suis capable de la jouer."

Le prochain défi de Gregory: faire découvrir sa propre musique au public. "C’est ma résolution 2006!" Mais il se fait critique par rapport aux chansons qu’il compose. "Vu que je n’ai jamais diffusé ce que je fais, on dirait que j’écris encore comme un gars dans la vingtaine. Alors, je trouve ça dur de me dévoiler de cette façon-là."

C’est que, selon Gregory Charles, il existe différentes phases dans la vie d’un compositeur. Phase 1: fin de l’adolescence, dénonciation de la société. Phase 2: la vingtaine, prise de conscience de sa place dans le monde et cris de solitude. Phase 3: la trentaine, la maturité, la tendresse. Phase 4: la quarantaine et une nouvelle façon de voir le monde… Pour illustrer son propos, il retrace la carrière de Paul Simon en chantant des bouts de ses chansons.

De quel style est la musique composée par Gregory Charles? "Ça ne m’intéresse pas de faire un style de musique, répond-il. Pour l’émission que j’anime le samedi après-midi à la radio de Radio-Canada, je me donne volontairement des thématiques qui me permettent de faire jouer différents styles. J’aime trouver par exemple le lien entre une chanson hip-hop et une chanson napolitaine!"

Le 10 décembre à 14 h et à 20 h
À la Salle Gilles-Lefebvre
Du Centre d’arts Orford