Monica Freire : Sous le soleil de Bahia
Musique

Monica Freire : Sous le soleil de Bahia

Monica Freire offre des chansons qui sont le fruit d’un métissage des cultures (voyages et rencontres), mais aussi d’un croisement des musiques (musique traditionnelle du Brésil et électronica).

Monica Freire

est née à Itabuna, une petite ville du sud de l’État de Bahia. Elle y a vécu jusqu’à l’âge de sept ans, puis a grandi à Salvador. De doux souvenirs de sa petite enfance et de son adolescence l’habitent encore: "Mon père était passionné de géographie. Il nous emmenait à la mer. Deux heures de route d’Itabuna dans un gros pick-up. Nous nous arrêtions sur des fermes de cacao et nous pilions le cacao avec nos pieds comme on le fait avec les raisins. En camping, nous nous endormions parfois sur les sièges de toilettes. Sur le bord de la mer, nous parlions aux étoiles. Ce que je retiens de cette période, c’est le plaisir de vivre en famille. À Salvador, j’ai été très impressionnée par le carnaval. La musique occupe une très grande place dans cette ville." Salvador est un exemple parfait du métissage brésilien. L’histoire de la ville a été écrite par les immigrants. Les origines multiples de la chanteuse en témoignent: africaines, portuguaises, indigènes et syrio-libanaises. "Toutes ces cultures font partie de moi. Ma curiosité vient sans doute de ces sons qui ne connaissent pas de frontières."

À partir de l’âge de 17 ans, le parcours de Monica Freire sera balisé de nombreux ports d’attache et de rencontres déterminantes. Suivant la trace de Daniela Mercury, elle fera d’abord partie du célèbre groupe Bloco Pinel, puis quittera le Brésil: "Ma démarche de création me semblait confrontée à une trop grosse industrie. J’étais très aventurière, et le voyage offrait de nombreuses possibilités. À 18 ans, je suis donc partie pour Saint-Martin, dans les Antilles. Puis, je suis montée sur un voilier qui mettait le cap vers le sud de la France. Je suis restée à Marseille pendant deux ans. J’y ai appris comment intégrer le jazz à ma musique. En 1993, je me suis installée à Montréal et j’ai commencé à chanter avec le groupe de Paulo Ramos. C’est au sein de ce groupe que j’ai fait la rencontre du contrebassiste et compositeur Dan Gigon, qui est d’origine suisse. Il a une oreille extraordinaire pour choisir ce qui convient sur les plans de la mélodie, de l’harmonie et du rythme. Puis, en 96-97, j’ai chanté au Japon. J’y ai fait la rencontre d’un grand producteur de musique d’origine brésilienne, Ormy Melo. Déjà, à cette période, il cherchait à mélanger la samba avec le langage électronique. Mon côté électrique vient du Japon."

Le récent disque de la chanteuse, Bahiatronics, mélange donc la chanson brésilienne de tradition acoustique avec la programmation. La réalisation est le produit d’un travail collectif: Monica Freire, Dan Gigon, Guy Dubuc et Marc Lessard. "Nous nous sommes donné beaucoup de liberté pour exprimer ce que chacun avait en lui. Moi, j’avais le goût de donner une continuité à ce que j’avais entrepris au Japon. L’électronique fait maintenant partie de ma route. Sans Guy et Marc, je n’aurais pas osé aller si loin." L’idée du disque a germé lors du dernier passage de Caetano Veloso à Montréal. Deux de ses percussionnistes (Marcio-Vitor et Jo) ont été séduits par le projet. Ils se retrouvent sur le disque. S’ajoutent à eux Peu Meurray, Marcos Suzano, Gustavo de Salva et Bujao. Pour plusieurs des textes, la chanteuse compte sur la collaboration du poète Alvaro Faleiros. Des chansons comme Ma petite guerrière (Pierre Flynn), Por Ai (en collaboration avec Roger Tabra) et Serra Leoa (avec les frères Diouf) ressortent.

Monica Freire
Bahiatronics
(Audiogram / Select)