Montreal Jubilation Gospel Choir : Chorale jubilatoire
Musique

Montreal Jubilation Gospel Choir : Chorale jubilatoire

Le Montreal Jubilation Gospel Choir vient de faire paraître un 10e disque chez Justin Time. Le directeur musical de l’ensemble, Trevor Payne, nous parle de ce dernier opus, I’ll Take You There.

Professeur d’ethnomusicologie à la faculté de musique de l’Université McGill, Trevor W. Payne s’intéresse avec passion à l’histoire de la musique afro-américaine. Pour lui, les concerts du Montreal Jubilation Gospel Choir visent autant à instruire qu’à divertir.

Ces dernières années, il a développé un intérêt de plus en plus grand pour les sources africaines de la musique noire américaine, mais aussi pour les formes plus populaires que celle-ci a prises dans la seconde moitié du 20e siècle. Il nous décrit ici les motivations qui ont pavé la voie à la réalisation de l’album I’ll Take You There: "Je désirais réécouter la musique de mes années d’apprentissage, réaliser de quelle façon les artistes m’avaient influencé. Rendre hommage à ceux que j’avais admirés, qu’ils soient du champ religieux, comme Mahalia Jackson, ou du champ laïque, comme Bessie Smith ou Ray Charles. Avec ce disque, j’effectue une mise à jour des années où j’écoutais de la soul tout en incluant les techniques que j’ai apprises depuis. Je fais le pont entre le passé et le présent."

Le répertoire d’I’ll Take You There compte les chansons de plusieurs artistes qui ont marqué les années 60: Ray Charles, les Staple Singers, Curtis Mayfield. La pièce d’ouverture, c’est Blues Waltz, associée au répertoire de Ray Charles, mais écrite par Max Roach: "J’ai utilisé le rythme propre à la fin des années 50, puis j’ai ajouté une section de cuivres comme on en retrouve derrière des chansons comme What I’d Say." L’amour profond que voue Payne aux Staple Singers l’a amené à faire deux de leurs chansons, dont Glory, Glory: "J’ai toujours aimé leur façon de chanter, de taper des mains." Certaines chansons de l’album, comme People Get Ready, pouvaient revêtir, dans les années 60, une connotation politique: "Vous pouvez considérer ces chansons comme des chansons religieuses qui parlent de la souffrance des esclaves, mais aussi comme des chansons dénonçant les préjugés raciaux. Curtis Mayfield, qui avait connu une enfance difficile, était très sensible à ces questions. Essentiellement, ce dont vous avez besoin, c’est la foi."

Plus récemment, après avoir vu U2 inviter une chorale gospel à se joindre au groupe pour l’interprétation d’I Still Haven’t Found What I’m Looking For, Payne eut le goût de faire de nouveaux arrangements pour cette chanson: "J’ai laissé de côté le rythme du rock anglais au profit d’un beat très populaire chez Motown à l’époque de Sam & Dave, puis j’ai pensé que ce serait une bonne idée que les paroles soient chantées en duo."

Trevor Payne s’est entouré de musiciens remarquables. D’abord, une section rythmique de choix: Cécile Doo, David Edmead, Pedro Ullmann, Peter Dowse, Max Sansalone, Zale Salio Seck. Puis, plusieurs invités de prestige: le saxophoniste Dave Turner, capable d’évoquer Cannonball Adderley, la chanteuse américaine Fontella Bass, dont le timbre de voix est si riche et qui est reconnue pour être ouverte aux expériences, et le guitariste montréalais Frank Marino, émule de Jimi Hendrix dans sa période pré-psychédélique, dans son jeu plus près du blues et du funky. OEuvre de réjouissance par excellence, I’ll Take You There, dont plusieurs pièces passent déjà à la radio, apparaît comme un coup de maître, comme l’un des disques les plus importants produits à Montréal cette année.

Les 9, 10 et 11 décembre
À l’église St. James United
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