Stéréotaxie : En toute légitimité
Musique

Stéréotaxie : En toute légitimité

Stéréotaxie, après avoir souffert des comparaisons avec les défunts Colocs, s’installe pour trois soirs au Plaza, pour faire swinguer la compagnie.

Un soir de Saint-Jean-Baptiste. Un show extérieur. Joël Poliquin, chanteur, musicien et enseignant en musique, donne un spectacle avec des chums en hommage aux Colocs. Dans la foule ce soir-là, incognito, Mike Sawatsky, guitariste et membre original du groupe, qui s’était laissé convaincre par sa blonde d’aller voir cet hommage festif et respectueux de l’œuvre de Dédé Fortin et de ses acolytes. "J’étais content de voir enfin quelque chose de positif après la mort de mon chum", relate Sawatsky. "Tout était si dramatique quand on en parlait dans les médias! Et puis, il y a eu les chicanes de compagnies de disques… Là, enfin, je voyais quelqu’un qui, simplement, faisait revivre sa musique, qui avait compris le caractère généreux et toute l’humanité de Dédé."

Impressionné, Sawatsky, des fourmis dans les doigts, décide de monter sur scène avec une guitare, pour jouer quelques tounes – les siennes. De ce moment délirant naît une amitié indéfectible et de cette amitié, des riffs, qu’on se joue au téléphone. Puis arrive dans le portrait le tromboniste des Colocs, Benoît Gagné, qui propose de créer trois tounes ensemble, juste pour voir. Poliquin se fait parolier pour l’occasion. Et de fil en aiguille, naturellement, en un an, un album se crée, est proposé à une compagnie de disque enthousiaste… Un album éponyme voit le jour au printemps dernier.

Dans la tourmente, une journaliste écrit son malaise dans une critique, car elle trouve que le timbre de voix et le débit de Poliquin rappellent trop ceux de Dédé. Plusieurs autres journalistes emboîtent le pas. En spectacle, Poliquin "reçoit la vague" de fans fâchés: "C’est drôle, l’entourage proche de Dédé ne voyait aucun problème là, et ce sont les gens qui ne l’ont pas connu qui comprenaient le moins." Poliquin a souvent eu envie de tout lâcher, mais Sawatsky et Gagné ne voulaient pas d’un autre chanteur que lui. Les vents et les marées ont soudé le groupe. "Je me sentais comme le seul caillou dans le soulier de Stéréotaxie, avoue Poliquin. Mais le regard des gens a fini par changer, ils se sont aperçus que je ne voulais pas être Dédé ni lui succéder – ce serait impossible, de toute façon. Ils m’ont pris pour ce que j’étais: un musicien parolier qui a un univers bien à lui".

Et un père de deux enfants manquant de temps pour changer le monde et qui avait envie, à travers la dizaine de chansons que comporte l’album, de "prendre en photo les affaires qui ne tournent pas rond, mais qui tournent pareil parce qu’on n’a pas le choix." Des textes qui parlent de nos contradictions quotidiennes, de notre société qui carbure aux illusions et qui refuse de vieillir. "Je n’avais pas envie d’écrire à partir de mon nombril. Pour ces premiers textes, je me suis nourri des discussions que j’ai eues lors de tous les soupers entre amis ces dernières années!"

Le groupe se produira trois fois en décembre, au Théâtre Plaza. Sur scène, dix "vrais" musiciens, aucun son préfabriqué, un seul désir: faire danser les gens au son d’un funk/ska/rock de party hyper-efficace. Aux dernières Francofolies, une foule galvanisée a scandé le nom du groupe pendant quinze minutes après la fin du spectacle…

Les 1er, 15 et 22 décembre
Au Théâtre Plaza
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